Un jeune couple de Pont-de-L'Arn (Tarn) a été condamné à de la prison ferme pour avoir violenté, attaché et enfermé dans une cave une de leur fille âgée de 10 ans.
«J'ai l'impression que vous me décrivez comme un monstre », lâche, presque agacé, ce jeune homme de 27 ans à la barre du tribunal correctionnel de Castres. « Oui je confirme, répond la présidente sèchement. Ce que vous avez fait est monstrueux ». Un couple demeurant à Pont-de-l'Arn comparaissait mercredi soir pour avoir infligé à leur fille de 10 ans « ce qu'il y a de pire » selon le procureur. « Humiliations, vexations, coups et insultes, vous n'y êtes pas allés avec le dos de la cuillère », ajoute le magistrat Philippe Mao qui se disait « effaré » par ces faits qui remontent au 9 juin dernier.
Ce jour-là, la fillette a été enfermée dans une cave pour la nuit, les mains attachées avec du sparadrap et liées au-dessus de la tête avec un cordon en plastique, avec les inscriptions « crasseuse » et « pouilleuse » sur son tee-shirt et sur la peau. Et après avoir passé la nuit ainsi, elle a été contrainte d'écrire des pages entières de « lignes » sur un cahier, la main gauche attachée à une fenêtre. Tout çà sous prétexte qu'elle avait menti. En fait l'enfant était devenu depuis des mois le souffre-douleur de son beau-père qui s'était mis en ménage avec sa mère trois ans auparavant. Une jeune femme de 32 ans, déjà mère de deux filles, la victime née en 1999 et sa sœur aînée d'un an, née en 2000, et qui a eu deux autres enfants avec lui en 2009 et 2010. Régulièrement, la fillette, pourtant adorable, connue pour être gentille et sérieuse selon les témoignages des enseignants de son école, recevait brimades et corrections devant la mère qui tentait parfois de s'interposer mais qui était la plupart du temps « passive ».
D'ailleurs, les services sociaux ont découvert de nombreux hématomes, lésions et autres plaies qui ne dataient pas d'hier lorsqu'elle a été prise en charge. Mais en juin, ces maltraitances ont atteint un paroxysme. Et plus que passive, la mère est devenue complice. Puisque son compagnon, cloué au lit à cause de deux jambes cassées lors d'un accident de la route, a pu compter sur sa « coopération » pour lui fournir la tapette à mouche qui a d'abord servi à frapper la fillette, puis les liens pour l'attacher. Et pire c'est elle qui, sur l'ordre du « bourreau », a conduit sa propre fille à la cave.
Le bourreau amnésique
« Comment avez-vous pu trouver le sommeil alors que votre fille vous appelait en pleurant dans le garage? », l'interroge la juge. « J'étais fatiguée », répond simplement la mère indigne, incapable d'expliquer pourquoi elle n'a pas protégé sa fille, privilégiant clairement sa vie de couple à sa vie de famille, puisqu'elle a préféré rester avec son conjoint et laisser sa fille être placée dans un foyer.
Et le calvaire de la petite aurait pu durer longtemps si des amis du couple n'étaient pas arrivés à l'improviste et n'avait pas découvert ce qui s e passait dans le garage.
Maître Hervé Rénier, qui défend la fillette présente au procès, était partagé entre « indignation, consternation et incompréhension ». « On ne sait même pas contre qui on doit avoir le plus de ressentiment entre celui qui cogne et celle qui laisse faire , lâche l'avocat dépité se tournant vers sa jeune cliente. La seule qui n'a rien à se reprocher c'est bien elle ». Pourtant, la fillette semblait vouloir quand même accepter la demande de pardon proférée par son beau-père à l'audience. Des regrets tardifs d'autant que le prévenu n'assume pas grand-chose disant ne se souvenir de rien à cause de l'alcool et des médicaments.
Il a été condamné à un an de prison dont 6 mois avec sursis et mise à l'épreuve pendant 3 ans durant lesquels il a l'obligation de se faire soigner et l'interdiction de rentrer en contact avec la victime.
La mère, elle, a été condamnée à 8 mois de prison dont 4 avec sursis. Ils devront également verser 6000€ de dommages et intérêts à la fillette.
La Dépêche - 09/12/11