Michel Lhomme, philosophe, politologue ♦
Le gouvernement israélien accélère et cherche à tirer parti de l’atmosphère internationale (la passation de pouvoir aux États-Unis) et régionale actuelle (la bataille d’Alep) en légalisant ses colonies.
Les implantations de nouvelles colonies n’ont en effet pas cessé de se multiplier cet automne dans les territoires palestiniens de Cisjordanie occupée. En juin 2016, le gouvernement de M. Netanyahou avait déjà permis la construction de 560 nouveaux logements pour les colons de Ma’ale Adoumim et de 840 autres à Jérusalem-Est. Il poursuit actuellement le plan visant à former une continuité territoriale entre Jérusalem-Est et cette colonie de Ma’ale Adumim dont le but est de couper en deux la Cisjordanie. Le projet d’Israël est de construire 98 habitations dans la colonie de Shilo en Cisjordanie, ainsi que d’accélérer depuis septembre les destructions de maisons palestiniennes. Toutes ces exactions ont été dénoncés au Conseil de sécurité des Nations-Unies, le 19 octobre 2016 mais elles n’ont reçues aucun écho médiatique international.
Ainsi, Israël dans le plus grand silence est-elle tout simplement en train d’annexer la Cisjordanie qu’elle appelle d’ailleurs la Judée-Samarie, les implantations de colonies se faisant toujours au nom de l’argument théologique intégriste selon lequel ces terres auraient « été données par Dieu à Israël ». Déjà environ six cent mille colons juifs vivent aujourd’hui dans ces territoires. Ce qui se passe en Israël constitue une violation flagrante de la quatrième Convention de Genève selon laquelle une puissance occupante ne peut transférer dans un territoire occupé une partie de sa population.
Le lobby des colonies à la Knesset a réclamé carrément « une loi d’annexion de la Judée et de la Samarie », c’est-à-dire de la Cisjordanie occupée de 1967. Le ministre israélien de l’Éducation, Naftali Bennett a demandé celle de la « zone C », soit 60% du territoire de Cisjordanie. Même si le gouvernement Netanyahou feint officiellement de refuser une telle violation flagrante du droit international, il ne cesse de la préparer méthodiquement et de l’activer par des opérations de descente de police coup de poing. Même les représentants des organisations israéliennes de défense des droits de l’Homme comme B’Tselem ou le mouvement La Paix maintenant ont témoigné devant le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, le 14 octobre 2016, des conséquences de l’occupation et de l’extension ininterrompue des colonies actuellement en cours. Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a été encore plus franc ces derniers jours en déclarant qu’il fallait profiter de ce moment favorable de la paralysie des États-Unis pour envisager une nouvelle guerre contre les institutions de la bande de Gaza, une guerre qui, a-t-il précisé, « sera la dernière confrontation car nous les détruirons totalement ».
De l’autre côté de la Méditerranée, en Europe, on discute sans rechigner d’un accord d’association entre l’Union européenne et Israël, accord qui se traduira nécessairement par des programmes de recherche dans le domaine militaire au profit d’Israël et sans doute aussi par la formation de nos policiers afin qu’ils appliquent les méthodes israéliennes en banlieues. En attendant, Israël va jusqu’à empoisonner la population de Cisjordanie à petit feu en se débarrassant de ses déchets toxiques dans les territoires palestiniens au mépris de la protection de l’environnement et des nappes phréatiques.
C’est donc ainsi, en cette fin d’année 2016, que l’État hébreu, conduit par les machinistes du sionisme poursuit inlassablement son seul et unique but: conquérir mètre carré par mètre carré, et par tous les moyens, la totalité de la terre de sa géographie mythique et biblique.
Il ne faut pas oublier qu’Israël participe activement en ,sous-main, à l’actuelle guerre de Syrie en faisant habilement combattre les autres pour elle (la grande qualité tactique du Mossad). L’un des principaux théoriciens du sionisme, Vladimir Jabotinski, résumait parfaitement le projet israélien : « Toute colonisation, même la plus réduite, doit se poursuivre au mépris de la volonté de la population indigène. Et donc, elle ne peut se poursuivre et se développer qu’à l’abri du bouclier de la force, ce qui veut dire un Mur d’acier que la population locale ne pourra jamais briser. Telle est notre politique arabe. (…). La force doit jouer son rôle – brutalement et sans indulgence (…) et cela jusqu’à ce qu’il ne reste aucun espoir, jusqu’à ce que nous ayons supprimé toute ouverture visible dans le Mur d’acier ».
Depuis septembre, nous pouvons suivre pas à pas, dans l’indifférence internationale générale, la progression de la mise en œuvre de ce sinistre plan d’élimination du peuple palestinien par l’annexion feutrée de la Cisjordanie avant l’élimination prochaine et prévisible par les armes de la bande de Gaza.
Illustration : mur séparant les réfugiés palestiniens de Shufat .
METAMAG
NdB: Il s'agit du plan sioniste le plus dur et plus cynique, Incluant sans plus d'état d'âme la disparition de la Palesine et de ses habitants: cela s'appelle un génocide