Un pré-rapport d'expertise émet des doutes sur l'origine de l'incendie qui a ravagé plus de 1.000 hectares de végétation en juillet dernier à Marseille. Selon les premières constatations, le feu était la conséquence de l'utilisation, dans le cadre d'un exercice, de balles traçantes au phosphore.
Des militaires du camp de Carpiane avaient alors été rapidement pointés du doigt. Philippe Fontaine, l'adjudant qui dirigeait l'exercice, avait été mis en examen et désigné comme «seul responsable» par la hiérarchie militaire.Or, un pré-rapport de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), que le journal La Provence s'est procuré, indique désormais que les douilles retrouvées sur le lieu de départ du feu n'étaient pas celles des balles traçantes.
Après avoir comparé les projectiles, les experts affirment : «Nous pouvons conclure que ces fragments métalliques ne proviennent pas d'une chemise de balle traçante de 5,56 mm NATO modèle F5 du lot 17-RG-02», c'est-à-dire des armes dont diposaient les militaires ce jour-là.
Le document confirme les déclarations du légionnaire
«Ce pré-rapport vient confirmer les déclarations de son client depuis le début de cette malheureuse affaire», a déclaré Me Michèle Naudin, avocate de l'adjudant Philippe Fontaine. Elle a précisé qu'elle accueillait avec «satisfaction» mais aussi «prudence» les conclusions de ce premier document qui, selon elle, marque un tournant dans l'affaire.
L'adjudant avait affirmé en septembre avoir de «gros doutes sur l'origine des feux». «Je suis légionnaire, je ne vais pas me défiler si on estime que je suis en cause. Mais je veux faire entendre ma voix», avait-il affirmé dans un entretien à La Provence.
«Il y avait quoi qu'il arrive une erreur» selon Hervé Morin
«Une enquête judiciaire est en cours, laissons-la aller jusqu'à son terme et ensuite nous verrons bien quelles conclusions il faut tirer», a réagi le ministre de la Défense Hervé Morin. «Il y avait, quoi qu'il arrive, une erreur et une faute qui étaient d'utiliser des balles traçantes alors que c'est purement et simplement interdit du printemps à la fin de l'été, quand il y a des risques d'incendie», a-t-il ajouté.
A Marseille, la gendarmerie, le parquet et l'armée n'ont pas fait de commentaire sur ces révélations vendredi.
Le Parisien - 16.10.09