17 novembre 2016 par Guillaume Faye
L’élection de Donald Trump à la présidence des États–Unis peut être un séisme américain et mondial, du jamais vu. Ou un énorme flop et une immense déception pour les populations qui l’ont élu. Analyse en trois parties, dont voici la première.
Victoire du populisme
L’élection de Trump a été une surprise mondiale, tout comme le référendum du Brexit. Un milliardaire new-yorkais fantasque, défendant le peuple, la lower middle class des campagnes et des petites villes enclavées qui votent victorieusement pour lui, voici un paradoxe inexplicable pour les politologues et intellectuels officiels. C’est pourtant explicable. La rébellion du peuple de souche contre l’oligarchie cosmopolite et les politiciens, la défaite du ”politiquement correct” englué dans ses mensonges, la baisse d’efficacité de la propagande de l’idéologie dominante (mais minoritaire) –notamment grâce aux réseaux sociaux– face à une éclatante réalité, par exemple la nocivité vécue de l’immigration de masse, expliquent en partie la victoire imprévue de Donald Trump. N’y a–t-il pas une certaine parenté avec la situation française ? Le réel contre l’idéologie.
Ivan Rioufol écrit : « Le peuple américain a envoyé paître les mandarins de Washington […] La caste croyait régner sur un pays anesthésié. Elle avait avec elle les médias, le show–biz, Wall Street, le Vatican, l’Union européenne et tout ce que l’Occident culpabilisé produit d’esprits clonés. […] La majorité des médias s’est comportée comme le valet d’un Système à bout de souffle. […] L’évacuation du défi posé par l’islamisation de la France est venue mettre en scène la légèreté des partis, unis pour dénoncer le ”populisme”. Mais le voilà victorieux au nom du peuple contre les people […] Trump, en dénonçant le politiquement correct, la haine de soi et la tyrannie de minorités, s’est placé en premier adversaire de ce monde médiatique acquis à la flagellation du monde libre et à la promotion de la culture musulmane. […] Poutine en Russie, Trump aux États–Unis : ce qui se dessine à rebours des codes académiques, est le produit d’une frustration populaire. La droite française peut y répondre si elle se décide à poser les bonnes questions sur l’immigration, l’islam, le communautarisme, les délocalisations ». (Le Figaro, 11/11/2016)
Le peuple contre les people
Cette expression d’Ivan Rioufol est particulièrement pertinente. Cette élection participe de la même lame de fond que le Brexit, la percée du FN en France, la montée des partis ”populistes” dans toute l’Europe. C’est-à-dire la révolte des populations autochtones des classes moyennes et pauvres contre des oligarchies mondialistes et l’immigration imposée.
Trump a, sans surprise, remporté la majorité de ses suffrages chez les Blancs, les hommes, les ruraux et les petites villes et même chez les femmes blanches ; et Hillary Clinton chez les minorités raciales (de moins en moins minoritaires), les femmes latinos et noires, la bourgeoisie urbaine des côtes est et ouest, les diplômés. Les politologues ont noté un bouleversement électoral jamais encore vu : le Parti républicain devient celui pour lequel votent majoritairement la classe ouvrière et le prolétariat blancs, qui votaient jadis démocrate. Même sociologie électorale qu’en France où le FN est le premier parti ouvrier.
Trump est vécu par les oligarchies politiques, culturelles, intellectuelles, etc. de tout l’Occident –USA, Europe– comme le Mal, le ”populisme”, l’extrême droite, l’expression du ”petit blanc” inculte, raciste, sexiste, islamophobe. Il a cristallisé sur lui un capital de haine puissant qui s’est manifesté dans les interventions acharnées de la planète culturelle américaine, Hollywood en tête – sauf Clint Eastwood, pro–Trump et donc maintenant détesté – mais aussi la Silicon Valley. Paranoïaques, des milliers de ”cultureux”, d’intellectuels, d’artistes, d’écrivains (dont Stephen King), de membres du show-biz, envisagent de s’installer au Canada, pour ne pas vivre dans des États–Unis ”trumpisés”, donc fascisés…
Le Pape François a déclaré à des journalistes, juste avant l’élection, à destination des catholiques américains que Donald Trump « n’était pas chrétien », notamment à cause de son programme d’expulsion des millions de clandestins. Comme Hollywood et la bourgeoisie de la Côte Est, le Vatican diabolise le milliardaire populiste. Mais ces gens là, charitables, humanitaires, protégés dans leurs palais ou leurs résidences sécurisées des quartiers tranquilles, vivent-ils l’angoisse, l’insécurité de ce peuple qui vote mal, incorrectement ?
Rejet des politiciens, hostilité de la Silicon Valley
C’est la première fois depuis 228 ans d’indépendance américaine que le 45e président de la première puissance mondiale vient du monde des affaires sans aucune expérience politique. Ce n’est pas forcément un handicap ! C’est d’ailleurs en partie pour cela qu’on l’a élu : à cause d’un rejet dégoûté de la classe politique professionnelle, exactement comme en Europe. Et puis, pour faire une bonne politique, il n’est pas nécessaire d’être un politicien professionnel ; des non–politiciens bien entourés, courageux, travailleurs et déterminés peuvent être beaucoup plus performants que les dinosaures ”expérimentés”.
Hillary Clinton, arrogante candidate de l’establishment a subi une gifle magistrale – ainsi que le couple Obama qui l’avait soutenue avec emphase et agressivité pendant sa campagne. L’élite a sous–estimé la détestation populaire à son égard. Hillary Clinton disposait de huit fois plus de moyens que Trump, en financements et en personnel de campagne. Et elle a perdu ! Là encore, tous les pronostics ont été démentis, malgré l’insistance de 95% des médias sur l’impossibilité du Brexit et de la victoire de Trump. Hillary Clinton a levé plus de 15 millions de dollars dans la Silicon Valley, Trump 706.000. Il désire à juste titre réguler le numérique, notamment Internet – dont il veut fermer des pans entiers– qui est devenu un réseau anarchique hébergeur d’innombrables sites délinquants ou criminels. Selon les gourous de la Silicon Valley, qui ont publié une lettre ouverte anti–Trump de 150 personnalités, ce serait un « désastre pour la tech et l’innovation ». Ils s’affolent aussi de l’anti–immigrationnisme de Trump, rappelant que le secteur de la nouvelle économie numérique s’appuie à 40% sur des créateurs étrangers immigrés. Argument spécieux : ce ne sont pas ceux–là, ces cadres étrangers, assez peu nombreux d’ailleurs et très souvent européens, que Trump veut interdire d’accès ou expulser !
Trump et la droite française
Après avoir méprisé Trump et préféré Mme Clinton, l’imposteur et girouette professionnelle Sarkozy, depuis l’élection du milliardaire, se réjouit de « sa victoire contre la pensée unique » et se rêve en un petit Trump français créant la surprise…Il essaie de profiter d’un ”effet Trump” pour battre Juppé qu’il présente – à juste titre d’ailleurs– comme un centriste mou qui avait soutenu Hillary Clinton.
Marine Le Pen , de son côté, voyant l’élection de Trump comme une préfiguration de la sienne, une preuve supplémentaire d’une dynamique populaire contre les élites mondialiste, comme « la fin d’un monde », a demandé à Ludovic de Danne, son conseiller aux affaires européennes, d’aller transmettre directement ses félicitations au futur président. Pour l’instant, la crédibilité électorale de Marine Le Pen sort renforcée de cet événement sismique. Néanmoins, sur l’immigration illégale, les projets de Marine Le Pen sont nettement moins audacieux que ceux de Trump : elle ne prévoit aucune expulsion massive –pourtant légale– de clandestins. Globalement, son programme est très modéré comparé à celui du nouveau président américain.
Elle se félicite de sa volonté de rapprochement avec la Russie, de son refus des ingérences belliqueuses au nom de la morale, de sa volonté de stopper les vagues migratoires. Elle voit dans l’effet Trump une parenté avec son slogan « pour le peuple et au nom du peuple ». Pour elle, l’élection de Trump est la preuve que le plafond de verre entretenu par une oligarchie arrogante peut être brisé par la mobilisation et la révolte du peuple. Oui mais….Trump sera-t-il un exemple ? S’il déçoit, cet ”effet Trump” se retournera contre tous ses soutiens en Europe.
Trump et les gouvernements européens
Le gouvernement français et la gauche sont sortis foudroyés par ce ”scénario catastrophe”. Trump donne des « haut-le–cœur » à Hollande. Il faut dire que le président français ne met pas, en proférant cette insulte irresponsable, la diplomatie française en péril face au nouveau dirigeant de la première puissance mondiale, puisqu’il est internationalement discrédité (petit Narcisse vaniteux, incompétent, indécis et ridicule, qui révèle des secrets d’État) et entrera dans les poubelles de l’histoire en mai 2017. Valls, indécrottable démagogue, dit ” comprendre” ceux qui ont voté pour Trump, tout en condamnant ce dernier. Il essaie de se construire un futur électorat. On peut toujours rêver.
Élu contre tous les sondages et démentant les rêves éveillés de la quasi totalité des dirigeants européens, le diable (diabolisé, plutôt) Trump, quand il s’installera dans le Bureau ovale, se posera des questions : les gouvernements européens (surtout français, allemands et polonais) auront l’air malin et se mordront les doigts de l’avoir presque insulté pendant sa campagne, parce qu’ils ne croyaient pas une seconde à son élection. Je serais à la place de Trump, je refuserais par exemple tout contact diplomatique avec la France, toute négociation tant que François Hollande, indigne et irresponsable, ne sera pas remplacé par un autre chef d’État.
L’influence de l’élection de Trump sur les populismes européens
En tout cas, avec l’élection, prétendue impossible de Donald Trump, l’Amérique donne, une fois de plus, le la. Elle montre la voie à suivre aux Européens, elle les décomplexe et les influence comme dans de nombreux autres domaines. Pour le meilleur ou pour le pire. L’élection américaine renforce – et c’est tant mieux– les populismes en Europe et le mouvement de révolte contre les élites méprisantes immigrationnistes et multiculturalistes. Cette élection va conforter la rage des électeurs européens anti-système, quatre mois après le « non » imprévu des Britanniques à l’UE. On a remarqué les soutiens enthousiastes de Marine Le Pen, Geert Wilders (PVV néerlandais), Beatrix von Storch (AfD allemand), Beppe Grillo (Cinque Stelle italien), Heinz–Christian Strache (FPÖ autrichien) à la victoire de Trump. Cette dernière peut pousser encore plus haut toutes ces formations populistes et briser le plafond de verre du Système.
Mais attention : en Europe les élections arriveront après l’installation de Trump à la Maison Blanche. Il y aura un gros choc de déception s’il ne tient pas ses promesses, qui amputerait le vote populaire des forces qui le soutiennent en Europe. Comme il existe une fascination imitative pour tout ce qui est américain, le basculement populiste des USA peut se répercuter en Europe. L’élection de Donald Trump peut avoir un effet de gonflement de l’électorat populiste en Europe mais aussi de recul si Trump renonce à son programme ou échoue.
Le Système ne s’avoue que provisoirement vaincu
Après le Brexit et l’élection de Trump, le Système va tout faire pour neutraliser l’un et l’autre. Mais il faut dire que Trump, par ses outrances de campagne, a fourni les verges pour se faire battre et faire détester son programme. Personne ne le donnait gagnant deux semaines avant l’élection. Il aurait fait un score encore plus fort sans ses gaffes et ses pitreries. D’ailleurs, qu’il ait été élu en dépit de ces dernières en dit long sur l’exaspération populaire envers le Système. Même les électrices blanches de la middle class du Middle West lui ont pardonné ses propos particulièrement vulgaires de dragueur macho et sexiste. Elles ont estimé que ce n’était pas très important par rapport à l’essentiel.
Hillary Clinton incarnait le Système dans ce qu’il a de plus caricatural : représentante de la bourgeoisie immigrationniste, de l’impérialisme donneur de leçons, arrogante promotrice des dogmes politiquement corrects (antiracisme, théorie du genre, discrimination positive, antipopulisme, multiculturalisme, hostilité à l’Amérique profonde des ”petits Blancs”) la politicienne a vécu sa défaite comme un camouflet, une injustice, un scandale. À tel point que (comme lors de la qualification de Jean–Marie Le Pen au premier tour de la présidentielle en 2002) des manifestations de ”démocrates” se succèdent pour signifier que Trump est illégitime et protester contre son élection. Il faut s’attendre, dès que Trump prendra ses fonctions, à d’énormes pressions des vaincus (électoraux) du Système pour lui faire comprendre qu’ils sont toujours les maîtres et qu’il faut qu’il recule.
Chant du cygne des Blancs ?
L’élection de Trump peut être interprétée comme le chant du cygne des Blancs des classes basses et moyennes qui – comme en Europe de l’Ouest– déclinent numériquement, faute de naissances suffisantes et du fait d’une immigration continue à natalité supérieure. Si les courbes se prolongent, les Blancs, descendants des Européens qui ont créé les États–Unis, seront minoritaires dès le milieu de ce siècle. Cette élection peut malheureusement être une ”réaction” sans suite dans les actes. Ce serait catastrophique.
C’est pourquoi, il s’agit peut-être de l’élection de la dernière chance. La responsabilité de Donald Trump est énorme : il lui appartient non seulement d’expulser les millions de clandestins (que Hillary Clinton aurait évidemment régularisés) mais d’interdire toute immigration, sauf exceptions pour une minorité d’étrangers à haut potentiel scientifique ou technologique. Le bon sens.
La seconde partie de ce triptyque Trump : révolution ou simulacre ? s’intitulera Un programme de choc ; et la troisième partie Risque d’échec ou d’explosion.