Marion Maréchal-Le Pen sera bien la tête de liste du FN en Paca lors des régionales de décembre. Désignée par le parti en remplacement de Jean-Marie Le Pen, la députée de Vaucluse s'était offert une période de réflexion, afin de ne pas être «instrumentalisée» dans le conflit interne opposant sa tante à son grand-père. Officiellement, cette mise en retrait court toujours. Mais en réalité, Marion Maréchal-Le Pen a d'ores et déjà entamé une série de déplacements dans la région afin de rencontrer ses sympathisants et sélectionner ses futures colistiers.
«Elle a d'abord voulu tâter le terrain, voir si la crise interne n’avait pas trop fait de dégâts, expliquait un proche lundi soir, en marge d'un meeting à Saint-Germains-lès-Arpajon (Essonne) où intervenait la députée. Dans des endroits comme Nice, où Jean-Marie Le Pen était très populaire, il y avait un risque». Rassurée sur ce point, la jeune députée a également réalisé plusieurs «castings» pour constituer son équipe de campagne : «Elle veut faire une liste à son image», poursuit-on dans son entourage. De mauvais augure pour Bruno Gollnisch, candidat déçu à la tête de liste régionale, dont Marion Maréchal-Le Pen avait jugé qu'il «incarne le Front d’une certaine époque».
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Dans l'Essonne, la jeune femme a pu mesurer sa popularité parmi l'assistance : celle-ci lui a réservé une standing ovation plus nourrie que pour Wallerand de Saint-Just, tête de liste FN en Île-de-France, présent lui aussi. L'égérie des militants, arrivée en tête du vote des adhérents au dernier congrès, a maintenu les déclarations faites l'après-midi même après la relaxe des deux policiers dans l’affaire de la mort de Zyed et Bouna. «Ce verdict prouve que la racaille avait bien mis la banlieue à feu et à sang par plaisir et non à cause d’une bavure policière», avait jugé la petite-fille de Jean-Marie Le Pen sur Twitter. «J'ai soulevé le cœur des vierges effarouchées de la République car j'ai traité les émeutiers de racaille, a-t-elle lancé lundi soir. Le terme me semblait assez juste».
Dans la suite de son discours, Marion Maréchal-Le Pen a semé les signaux identitaires qui distinguent souvent sa parole de celle de sa tante : évocation du racket contre les «jeunes blancs», des «Français de souche», mais aussi référence à une «identité nationale charnelle» sans laquelle la République ne serait «qu'un monstre froid qui ne réussit pas à nous unir». Elle n'a pas, en revanche, abordé les récents troubles internes du Front national. Souvent considérée comme l'incarnation d'une ligne alternative à celle de Florian Philippot, la députée ne semble pas désireuse de jouer ce rôle. Quoique proche de son grand-père, elle s'est distinguée par sa réserve au cours des dernières semaines. «Mon grand-père a de la ressource, mais il a envie de prendre du champ, a-t-elle simplement indiqué lundi soir. Il va s'occuper de son association.» La jeune femme n'a pas indiqué si elle y prendrait sa carte.
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