Le ministre allemand de l'Intérieur Wolfgang Schäuble a provoqué lundi un tollé en Allemagne pour avoir envisagé de créer un cadre juridique susceptible de renforcer la lutte contre le terrorisme et de rendre possible "l'exécution ciblée" des suspects.
Face au danger islamiste qui menace les pays européens, M. Schaüble a proposé d'élargir les compétences de l'Etat en matière de lutte contre le terrorisme, s'attirant ainsi les foudres unanimes des responsables politiques, d'avocats et de la police.
M. Schaüble s'interroge: "Notre Etat de droit suffit-il à répondre aux nouvelles menaces du terrorisme islamiste?" Il estime que les cas extrêmes d'exécution ciblée doivent être envisagés juridiquement.
"Imaginez, dit-il, que quelqu'un sache dans quelle grotte se cache Ousama Ben Laden. On pourrait alors lancer un missile téléguidé pour le tuer si la Constitution (allemande) le permettait."
Concrètement, le ministre conservateur envisage l'introduction d'un "délit pour complot", comme aux Etats-Unis, et de traiter comme des combattants et d'interner les personnes qui mettent en danger la sécurité nationale.
Il ajoute qu'on pourrait décréter pour les personnes suspectes non-expulsables l'interdiction de communiquer par Internet ou par téléphone portable.
Les sociaux-démocrates, partenaires des conservateurs dans la grande coalition gouvernementale, tout comme l'opposition, ont rejeté en bloc ces suggestions. "Les propositions de Schäuble, a déclaré le SPD Peter Struck, ne peuvent se réaliser que dans un Etat policier."
Angela Merkel, comme Wolfgang Schäuble, plaide en faveur d'un engagement limité de la Bundeswehr à l'intérieur du pays face aux risques réels du terrorisme musulman. On sait que depuis le nazisme, le déploiement de l'armée allemande sur le front intérieur est exclu dans la Constitution, sauf pour de courtes tâches humanitaires.
Un journal de gauche présente en couverture le ministre de l'Intérieur un sabre entre les dents et un fusil-mitrailleur à la main. A mourir de rire...
Ainsi plane toujours sur l'Allemagne l'ombre d'Hitler...62 ans après la chute de Berlin et la "dénazification".