RIA Novosti 14 juillet 2009
Par Vladislav Inozemtsev, politologue russe
Le 14 juillet marque la fête nationale qui est commémorée en France depuis plus d'un siècle.
Impossible en ce jour de ne pas évoquer la Révolution française: engagée il y a 220 ans avec la prise de la Bastille, elle déchaîna aussitôt une débauche de violence et de terreur qui engloutit les meilleurs esprits de l'époque.
La terreur et la "guerre totale" menée contre les royalistes furent ensuite condamnées; le nouveau calendrier et la fête de l'Etre Suprême furent oubliés; rares sont les villes françaises qui ont encore des rues Marat ou Robespierre.
Ce qui est resté dans les esprits, c'est le souvenir du grand élan du peuple et le document fondamental fièrement intitulé la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. En fait, il convient de l'évoquer dans le contexte des problèmes qui se posent de plus en plus nettement à l'Europe contemporaine.
La Déclaration mentionne les droits de l'homme dans trois articles, et ceux du citoyen, dans sept.
Parmi les premiers, elle cite: la liberté (y compris celle d'exprimer son opinion), la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. Parmi les seconds, elle mentionne l'égalité dans la participation à l'élaboration des lois, dans l'occupation d'emplois publics, dans l'attitude du pouvoir envers le peuple et le droit de contrôler l'application des décisions prises par la société. Il est significatif que les sphères de ces droits ne se recoupent pas. De nombreux articles de la Déclaration figurent dans la plupart des constitutions des Etats européens contemporains: mais au fur et à mesure que l'idéologie des droits a été érigée en norme, les droits de l'homme et du citoyen ont perdu leur différenciation.
Ceci est aujourd'hui plus évident que jamais.
L'Union européenne est devenue un refuge pour environ 24 millions d'immigrés légaux et environ 8 millions d'illégaux, qui ne remplissent pas leurs engagements civiques, mais qui jouissent des droits civils.
Plus d'un tiers d'entre eux bénéficient d'allocations dont la réception ne figure pas parmi les "droits fondamentaux de l'homme", et dont l'absence ne peut nullement être interprétée comme une oppression. Ils ne sont pas conscients du fait que "l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits"; ils n'acceptent pas le fait que la liberté de conscience finit là où l'expression des points de vue religieux enfreint l'ordre public établi par la loi; et ont, semble-t-il, fait oublier aux Européens que les lois sont établies par des citoyens et non pas par des gens.