Depuis la condamnation du Gang des Barbares, vendredi soir, pour la séquestration et l'assassinat d'Ilan Halimi en 2006 en région parisienne, des voix s'élèvent au sein de la communauté juive contre le verdict. Si la peine maximale infligée à Youssouf Fofana a été saluée, celles de ses coaccusés sont jugées trop «indulgentes» par l'avocat des parties civiles, le Crif et l'Union des étudiants juives de France.
Comment avez-vous accueilli ce verdict ?
Ruth Halimi. Très mal. Je sens dans ce verdict une sorte d'apaisement que voudrait faire passer la cour d'assises. Je ne sais vers qui. Il y a de la part des bourreaux d'Ilan une action terrible et mon sentiment est que la sanction n'est pas à la mesure de leur action. Fofana, il a écopé d'une peine pour ce qu'il a fait. Normal. Mais ses complices ont eu un rôle plus efficace. Ils l'ont aidé et agi pour massacrer Ilan. Il faut qu'ils soient condamnés pour ce qu'ils ont fait. Et ce qu'ils ont fait est très grave. Ils ont tué Ilan parce qu'il était juif.
L'avocat général a parlé de «justice exemplaire». Les associations juives de France dénoncent, elles, des peines trop «indulgentes» et appellent à manifester...
A l'issue de ce procès, on a l'impression que l'affaire est réglée. Non, ce n'est pas possible. L'antisémitisme n'est pas un fait divers. Je voudrais qu'on remette les pendules à l'heure. Je le répète, ceux qui ont aidé à massacrer Ilan doivent être sévèrement sanctionnés. Les autorités judiciaires ont fait leur travail, bien ou mal, mais les réactions venant en ce moment de la part de la communauté juive sont légitimes. Elle a l'impression que les actes des complices de Fofana ont été banalisés. Est-ce qu'un juif qui se fait massacrer est banal ? Moi, je ne peux pas lutter seule contre un antisémitisme rampant. Il est utile que la communauté juive, l'opinion publique, prennent le relais pour dénoncer auprès des pouvoirs publics ces actes ignobles et demander à ce que ces accusés écopent d'une peine exemplaire comme Fofana.
Allez-vous jusqu'à souhaiter un nouveau procès ?
Je ne sais pas si c'est possible. L'important est de revisiter ce verdict d'une manière ou d'une autre. Si ce procès s'était tenu en public, comme nous le réclamions, il aurait été plus percutant. L'opinion publique aurait eu accès aux débats et entendu les bourreaux d'Ilan. Ilan est parti, mais je poursuivrai ce combat pour tous ceux qui craignent ce type de barbarie.
Le Parisien - 12 juillet 2009