DRAGUIGNAN — Six jours après les inondations qui ont fait au moins 25 morts dans le Var, Nicolas Sarkozy a répété lundi à Draguignan que l'Etat interdirait, sans aucune exception, toute nouvelle construction d'habitations dans les zones jugées dangereuses.
Après une rapide visite de terrain à Trans-en-Provence puis dans la zone industrielle de Draguignan, défigurées par les pluies torrentielles du 15 juin, le chef de l'Etat a conclu une réunion avec les élus et services de l'Etat en délivrant un message ferme.
"Tant que je serai président de la République, personne ne construira dans une zone reconnue comme dangereuse (...) Si la zone est dangereuse, au nom de l'Etat nous interdirons les constructions", a-t-il déclaré.
Trois mois à peine après la tempête Xynthia, qui a fait 59 morts sur les côtes de Vendée et de Charente-Maritime, Nicolas Sarkozy a assuré que cette règle ne souffrirait "aucune exception", malgré le vif mécontentement suscité dans ces départements pour le déménagement des habitants situés dans les fameuses "zones noires", rebaptisées "zones de solidarité".
"Je comprends les souffrances, je comprends les problème de commodités mais c'est un problème de vie ou de mort", a-t-il estimé. "Cela fait trop longtemps que, dans notre pays, on prend avec l'application des règles un certain nombre de libertés et, quand il y a une catastrophe, on demande des comptes".
"Pour le passé, nous allons voir. On peut conforter un certain nombre de situations", a-t-il concédé en évoquant les habitations déjà construites dans ces zones dangereuses, "mais c'est une politique qui s'appliquera sans faiblesse".
Le chef de l'Etat a promis que les 3.500 plans de prévention des risques (PPR) toujours en attente de validation (sur un total de 10.000) le seraient sans faute "dans les trois ans".
Il a annoncé aux élus des neuf cantons varois sinistrés qu'un arrêté de catastrophe naturelle serait publié dès mardi matin et que l'armée y poursuivrait le nettoyage "tant que (leurs) populations en auront besoin".
Un "coordinateur national" sera nommé pour "harmoniser les comportements" des assurances, a-t-il ajouté. Quant aux entreprises, elles pourront chacune bénéficier d'un crédit d'urgence de 10.000 euros du Fonds d'indemnisation des services artisan et commerce (Fisac) ou de délais pour leurs taxes et impôts.
Dans le domaine de la prévention, Nicolas Sarkozy a indiqué qu'il envisageait de modifier la procédure d'alerte par couleur utilisée par Météo-France pour permettre de classer en "rouge" (risque maximum) certaines communes sans avoir à classer l'ensemble du département.
Avant cette réunion, il a pu constater de visu l'étendue des dégâts à Trans-en-Provence, où il a été accueilli dans les rues encore boueuses de cette commune de 5.500 habitants par 400 personnes aux cris de "aidez-nous" ou "on a besoin d'aide".
Dans la foulée, il a prestement salué des commerçants sinistrés de la zone industrielle du quartier Saint-Hermantaire-Le Fournas, à Draguignan, ainsi que des soldats, pompiers, sauveteurs qui ont participé aux secours et continuent à déblayer les routes, débarrasser les carcasses de voitures, nettoyer les bâtiments.
Selon un dernier bilan des services de secours, les inondations ont fait 25 morts et quatre disparus.
Des centaines de personnes, dont le président, ont assisté lundi soir à une cérémonie en mémoire des victimes, dans l'église Saint-Michel de Draguignan, comble. Plusieurs centaines d'autres s'étaient massées dehors pour écouter, recueillies, l'office retransmis via des haut-parleurs.
AFP. 21.06.10