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L'Otan va endosser, lors d'un sommet vendredi et samedi à Lisbonne, une stratégie à haut risque de sortie du bourbier afghan via le transfert progressif de 2011 à 2014 de la responsabilité des opérations aux forces de sécurité locales.
Le président américain Barack Obama rencontrera samedi les présidents afghan Hamid Karzaï et géorgien Mikheïl Saakachvili en marge du sommet de l'Otan à Lisbonne, auquel la Russie doit participer pour la première fois, a annoncé jeudi la Maison Blanche.
Les dirigeants des 28 pays de l'Alliance atlantique vont en même temps prendre acte de son entrée dans l'ère d'un monde multipolaire aux dangers multiformes, en adoptant un nouveau "concept stratégique", qui tire notamment des leçons de l'expérience afghane. Ce document très synthétique doit servir de guide à son action pour les 10 prochaines années.
Dans la foulée, samedi, les alliés occidentaux doivent solenniser la relance de leur coopération avec Moscou, à l'occasion d'un sommet Otan-Russie.
Un ordre du jour avec des enjeux aussi lourds pour une organisation en quête d'une raison d'être depuis la fin de la Guerre froide, alors que le centre de gravité du monde bascule vers la zone Pacifique, a permis au secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen de qualifier par avance d'"historique" la réunion.
"Nous allons entrer dans une phase fondamentalement nouvelle en Afghanistan", avec le lancement du processus dit de "transition", autrement dit l'afghanisation du conflit, neuf ans après l'intervention armée de la coalition conduite par les Etats-Unis, a souligné lundi M. Rasmussen.
L'objectif est que la Force internationale de stabilisation, l'Isaf, ne joue plus qu'un rôle de soutien, après avoir laissé district par district, au terme à chaque fois d'une transition de 18 à 24 mois, la direction des opérations à l'armée et la police afghanes.
M. Rasmussen a confirmé que ce "processus commencera en début d'année" -ce qui veut dire au premier semestre, à une date et dans une région encore indéterminées- "et (que) si les conditions le permettent, il sera activé en 2014".
La décision devrait être avalisée par les responsables des 48 pays -les 28 de l'Otan et 20 autres- participant à l'Isaf, plus le Japon et le président afghan Hamid Karzaï, venus pour l'occasion à Lisbonne.
Elle devrait faciliter les premiers retraits de soldats dès l'an prochain, et satisfaire une opinion publique sceptique, surtout en Europe, alors que près de 650 militaires étrangers -un record- ont déjà trouvé la mort en Afghanistan en 2010.
Le contingent international a atteint un pic avec quelque 150.000 soldats, ce qui n'a pas empêché les talibans de multiplier attaques et attentats sanglants dans tout le pays.
L'Otan est bien consciente du risque, en cas d'échec de sa stratégie, d'obérer sa crédibilité et donc son action future. A Lisbonne, un "partenariat à long terme" avec Kaboul sera entériné, façon d'éviter que l'on parle d'abandon.
Autre résultat attendu du sommet, selon M. Rasmussen : rendre l'Otan "plus efficace" en lui faisant investir dans des domaines "clés", comme les contre mesures en cas d'attaque cybernétique.
Mais aussi en approfondissant ses partenariats avec des pays comme l'Australie ou le Japon, voire en dialoguant avec les puissances émergentes comme l'Inde ou la Chine.
Tous aspects traités par le nouveau "concept stratégique", qui remplacera le précédent datant de 1999.
En parallèle, l'Otan autorisera une forte réduction de ses effectifs civils et militaires permanents
Enfin, Lisbonne devrait donner le signal d'"un nouveau départ dans nos relations avec la Russie", a déclaré M. Rasmussen.
Une étude conjointe va notamment être lancée pour examiner la possibilité de relier le bouclier antimissiles russe à celui, à venir, de l'alliance, un changement notable d'attitude de Moscou.
Les 28 alliés auront au préalable pris la décision de principe de créer leur propre système antimissile destiné à protéger territoires et populations d'Europe.
AFP. 18/11/10