Il y a quelques semaines paraissait dans les pages nécrologiques des quotidiens belges Le Soir et L’Avenir ce texte : « 31 mars 2014 : vingtième anniversaire de la disparition de l’écrivain et poète JEAN DOUTRELIGNE 1906-1994. Auteur de ‘Notre-Dame’ de la ‘Sagesse’, ‘Révolution des âmes’, ‘La Chanson ardennaise’, ‘La Grande Bagarre’… Sa famille, ses amis, ses disciples ne l’oublient pas. » Jean Doutreligne est le pseudonyme de… Léon Degrelle, qui écrivit de magnifiques poèmes. La parution de cette annonce à laquelle les services des deux journaux n’y virent que du feu suscita évidemment la joie chez certains et la fureur chez d’autres.
C’est une des nombreuses anecdotes que l’on trouve dans le livre consacré à Léon Degrelle dans la nouvelle collection de Synthèse nationale, pilotée par Roland Hélie et intitulée « Cahiers d’histoire du nationalisme ». On y trouve des contributions de Camille Galic, Francis Bergeron, Pierre Vial, Yvan Benedetti, Alexandre Gabriac, Henri de Fersan et d’autres qui nous pardonneront de ne pas les citer tous. On y trouve aussi un article de Saint-Loup et un important discours de Léon Degrelle, prononcé le 7 février 1943 à Berlin, intitulé : « Pour la révolution nationale-socialiste ». Christophe Georgy nous présente la biographie du « beau Léon ». Ses soldats le surnommaient aussi affectueusement « Modeste 1er de Bourgogne » car il n’avait, à juste titre, pas la réputation d’être d’une modestie excessive.
Naissance et jeunesse
C’est dans les Ardennes belges, dans la petite ville de Bouillon, située à trois kilomètres de la frontière française, au nord de Sedan, que nait Léon, Joseph, Marie, Ignace Degrelle, le 15 juin 1906, dans une famille d’origine française, très catholique. Son père, Edouard Degrelle, brasseur de métier, avait quitté la France en 1901 car il était opposé aux persécutions qu’imposait le ‘Petit Père Combes’ aux congrégations religieuses. Léon Degrelle fut très marqué, dans sa jeunesse par l’affreuse guerre qui ravagea l’Europe, n’épargnant pas la Belgique. En novembre 1918, il est choisi pour présenter un compliment aux officiers français qui entrent à Bouillon. Le jeune scout fera à cette occasion le tour de la ville, main dans la main avec un officier dont le nom est… Philippe Pétain à qui il vouera toute sa vie une profonde admiration. Dès l’âge de seize ans, il se passionne pour la littérature et notamment pour l’œuvre de Charles Péguy. Il écrit des poèmes et commence à collaborer à des journaux.
Degrelle journaliste
Il commence à s’intéresser à la politique et grâce à la lecture de Charles Maurras dans l’Action française, il se forge ses premières convictions personnelles. Il lit aussi Léon Daudet et Jacques Bainville. C’est au cours de ses études en faculté de lettres et de philosophie thomiste à l’Université catholique de Louvain qu’il est repéré par Mgr Picard qui voit déjà en lui un vrai meneur. Il lui propose, alors qu’il n’a que vingt ans, de prendre la direction d’un journal d’étudiants dont il portera, grâce à son talent d’éditorialiste, les ventes à 10 000 exemplaires, chiffre impressionnant pour ce type de publication. Mais la consécration viendra avec sa rencontre avec l’abbé Norbert Wallez, directeur du grand journal catholique Le Vingtième siècle, qui l’engage.
Degrelle rencontre Hergé
Au même moment débute le jeune Georges Remi, qui se fera connaître sous le pseudonyme d’Hergé. Comme le raconte Francis Bergeron, leur amitié fut immédiate et définitive. Un vrai coup de foudre ! Hergé est fasciné par son nouvel ami et certains, dont Degrelle, prétendront qu’Hergé s’est inspiré de lui pour le personnage de Tintin. N’allons pas aussi loin. Degrelle, envoyé en reportage au Mexique où le gouvernement franc-maçon exterminait les chouans catholiques entrés en rébellion (les Cristeros), en profita, au retour pour se rendre en Amérique du Nord. Sur une photo connue, on voit Degrelle au pied des gratte-ciels new-yorkais, image transcrite presque à l’identique dans Tintin en Amérique. Hergé s’est évidemment inspiré des récits de son ami, des photos rapportées et aussi des bandes dessinées américaines, alors inconnues en Europe, que lui apporta son ami. Ils se rencontrèrent la dernière fois au début de l’Occupation mais restèrent en correspondance. On sait, raconte Bergeron, qu’Hergé a lu les deux livres de souvenirs de Degrelle dont La Campagne de Russie, qu’il avait trouvé « émouvant et bien écrit » et qu’il en conseillait la lecture à ses amis.
Degrelle, patron de presse
Journaliste, Degrelle lance plusieurs publications dont Rex, dont il deviendra le propriétaire en 1933. A 27 ans ! Il avait annoncé au lancement du journal : « Notre journal politique va y aller carrément. Nous servirons le Parti catholique de toutes nos forces, en le critiquant ou en l’encourageant, en attendant de le conquérir ». En 1934, il se rend en Espagne, y rencontre José Antonio Prima de Rivera qui fait de Degrelle le premier membre non espagnol de la Phalange ! La rupture avec les organisations catholiques, qui se méfiaient de plus en plus de son activisme, se produit en 1935. Arrivent les élections législatives du 24 mai 1936. Degrelle n’y va pas de mainmorte durant la campagne électorale. Un évêque sera même traité de « clown » et de « prêtre de foire ».
Degrelle crée le Rex
Rex a désormais vocation de devenir un part politique à part entière. Il s’appellera Rex. Degrelle trouve de nouvelles formes de manifestations. Il veut faire le ménage dans le Système. Il fait défiler des milliers de porteurs de balais. Il qualifie les politiciens vendus de « banksters ». Le soir des élections, le parti rexiste obtient 11,5% des voix, 21 députés et douze sénateurs. Robert Brasillach rencontre Degrelle et publie un reportage dans Je suis partout intitulé Visite à Léon Degrelle. Le chef du Rex se fait aussi inviter en Italie où il rencontre Benito Mussolini qui lui offrira une aide financière. Le 26 septembre 1936, il est reçu à Berlin par Adolf Hitler et son ministre des Affaires étrangères Joachim von Ribbentrop qui rapportera le commentaire du Führer : « Je n’ai jamais vu de tels dons chez un garçon de cet âge ». En janvier 1937, Rex organise au Palais des Sports de Bruxelles les fameux Six jours de Rex, rassemblant chaque soir douze à quinze mille personnes. Des élections ont lieu en avril 1937. Degrelle qui se présente en face d’une sorte de Front républicain, si l’on peut utiliser ce terme pour la Belgique, subit un revers. Il obtient 19% contre 76% à son adversaire qui était le Premier ministre…Il visite l’Espagne en 1938 et est reçu par le Caudillo. Lors des élections législatives du 2 avril 1939, il est cette fois-ci élu député à Bruxelles.
Degrelle persécuté
Pendant la « drôle de guerre », il soutient la politique de neutralité du Roi. Il estime que la responsabilité de la France et de la Grande-Bretagne, et plus spécialement des forces occultes de la franc-maçonnerie et de la finance juive, est à l’origine du conflit. Arrêté en mai 1940 ainsi que 6000 personnes soupçonnées appartenir à une « cinquième colonne » (dont des trotskistes, des nationalistes flamands, et même des réfugiés juifs allemands), il subira une incarcération avec passage à tabac, simulacre d’exécution, et sera déplacé dans 21 prisons françaises. Il sera libéré le 24 juillet sur ordre du Maréchal Pétain. Il aura eu plus de chance que le grand leader nationaliste flamand Joris Van Severen et un vieux militant rexiste qui furent exécutés par des soldats français avinés.
Degrelle engage le Rex dans la Collaboration et la guerre
Rentré à Bruxelles, il engage résolument le Rex dans la voie de la collaboration avec l’Allemagne. L’invasion de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, constitue un tournant. Les rexistes peuvent concrétiser leur volonté de collaboration militaire contre le Bolchevisme. C’est ainsi qu’est créée la Légion Wallonie. Lors d’un rassemblement à Liège, le 22 juillet 1941, Degrelle annonce qu’il s’engage comme simple soldat. 730 militants rexistes l’accompagnent. Faisant preuve d’un grand courage sur le front, Léon Degrelle est décoré de la Croix de fer et nommé Feldwebel (adjudant) en mars 1942. La Légion a perdu 63% de ses effectifs… Degrelle considère que le moment est venu d’intégrer la Légion Wallonie dans la grande armée européenne que représente, à ses yeux, la Waffen SS. Degrelle, qui n’a pas froid aux yeux, négocie avec Himmler l’intégration mais exige le maintien de l’aumônier catholique belge et du français comme lange de commandement. Incroyable, Himmler accepte… Arrive janvier 1944 et la gigantesque bataille de Tcherkassy. C’est là que la Légion va obtenir tous ses titres de gloire. Degrelle est promu SS-Hauptsturmführer. Sur les 2000 volontaires engagés en novembre 1943, il n’en reste plus que 632. Envoyé à Berlin, il est reçu par Adolf Hitler qui le décore le 24 février 1944 de la Ritterkreuz (Croix de Chevalier de la Croix de Fer), une des plus hautes distinctions allemandes. Il fait la une de Signal. Il participe dans les semaines qui suivent à un meeting à Paris, au Palais de Chaillot, aux côtés de Jacques Doriot, Marcel Déat, Joseph Darnand et Fernand de Brinon. C’est la gloire.
Degrelle se bat héroïquement jusqu’au bout
Mais les choses ne vont pas tarder à se gâter. Son frère, Edouard, pharmacien à Bouillon est assassiné en juillet, alors qu’il ne joue quasiment aucun rôle dans le mouvement rexiste. Il retourne sur le front en Estonie où la Légion, avec des forces limitées, réussit à bloquer l’avance soviétique. Reçu à nouveau par Hitler, il se voit accrocher les Feuilles de Chêne sur sa Ritterkreuz. Hitler lui aurait déclaré : « Si j’avais eu un fils, j’aurais aimé qu’il fût comme vous ». Hitler le nommera Volksführer der Wallonen (chef de peuple des Wallons) le 23 novembre 1944. Mais les Alliés sont à Bruxelles et imposent une épuration sans relâche. La situation sur le front est mauvaise. C’est fini.
Degrelle réussit à rejoindre l’Espagne
Degrelle gagne la Norvège, réquisitionne un bimoteur appartenant au ministre Albert Speer, et… s’envole vers l’Espagne où l’avion, en panne de carburant, s’écrase dans la mer. Degrelle est sérieusement blessé : quatre fractures à l’épaule, une fracture du pied et de la jambe. Des blessures somme toute miraculeuses car elles lui évitent d’être ramené derechef en France. Débutent de longues années où les autorités belges chercheront par tous les moyens à obtenir son extradition, sans compter les six tentatives d’enlèvement dont il sera l’objet.
La vie de Degrelle en Espagne
Il va entreprendre un énorme travail d’écriture. On retiendra La cohue de 1940, son premier livre paru en 1949, La campagne de Russie, dans lequel il raconte ses souvenirs du front de l’Est, La grande bagarre, son seul roman écrit sous le pseudonyme de… Jean Doutreligne, Hitler pour mille ans, paru en 1969, et tant d’autres. Naturalisé espagnol en 1954, il se trouve enfin, de facto, protégé. Il va, petit à petit, réapparaitre en public. IL sera durant les années 60 et 70, le correspondant en Espagne du Spectacle du Monde sous pseudonyme, bien sûr. Il recevra beaucoup de visite de toute l’Europe, particulièrement de France et de Belgique. Camille Galic raconte une de ces rencontres où Dominique Jamet était présent. Dominique Jamet a, il est vrai, toujours été un esprit libre. François Mitterrand l’imposera trois ans plus tard comme Président de l’Etablissement public de la Bibliothèque nationale… Un banquet sera organisé tous les ans par le Cercle Franco-hispanique présidé par notre cher Olivier Grimaldi, qui vient, hélas de nous quitter. Léon Degrelle s’éteint à l’âge de 87 ans, le 31 mars 1994 à Malaga. Jean Vermeire, ancien officier de la Légion Wallonie révèle qu’il a dispersé les cendres du Chef à Berchtesgaden.
Pour commander le livre Léon Degrelle : 20 € plus 3 € de frais de port.
Synthèse nationale 116, rue de Charenton 75012 Paris
article de Robert Spieler paru dans Rivarol du 24 avril dernier
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