Communiqué d’Aymeric Chauprade, député français au Parlement européen, conseiller de Marine Le Pen sur les questions internationales
L’existence de l’Etat islamique en Irak, autoproclamé Califat islamique mondial et auquel sont en train de se rallier nombre d’imams et de mouvements sunnites radicaux dans le monde (jusqu’en Indonésie) est le résultat tout à la fois de la politique américaine de destruction du régime de Saddam Hussein à partir du début des années 1990 et de la politique française de destruction des régimes libyen et syrien à l’instigation du Qatar et de l’Arabie Saoudite, sous les présidents Sarkozy puis Hollande. On ne le dira jamais assez fort : les Chrétiens de Syrie et d’Irak, et avec eux l’ensemble des minorités non sunnites (Yazidis, Alaouites, Chiites) sont aujourd’hui massacrés du fait même des erreurs stratégiques américaine, britannique et française en Libye et en Syrie à partir de 2011, lesquelles ont favorisé l’expansion du djihadisme dans tout le Moyen-Orient. Faut-il rappeler en effet que jusqu’au sage accord russo-américain de septembre 2013 sur les armes chimiques syriennes, le gouvernement de Hollande-Fabius réclamait encore à ses alliés une guerre contre le régime de Bachar al-Assad et envoyait des armes aux rebelles islamistes ? Il est pour le moins étonnant de voir aujourd’hui M. Fabius se contenter de superviser l’envoi de colis humanitaires aux Chrétiens et Yazidis lesquels subissent les conséquences apocalyptiques de ses erreurs stratégiques !
Pour le Front national, le principe de non-ingérence militaire doit rester un principe clé de la défense d’un monde multipolaire fondé sur le respect des souverainetés nationales.
Néanmoins, deux motifs fondent à nos yeux l’exception à la non-ingérence :
1/ lorsque la sécurité de la France est en jeu.
2/ lorsque l’honneur de la France est en jeu.
Dans le cas irakien, ces deux conditions sont réunies. Pôle de référence djihadique mondial mais également point attracteur d’islamistes de nationalité française, l’Etat islamique doit rapidement être détruit, faute de quoi il est promis à un grand avenir.
Le contrôle qu’il exerce sur des zones pétrolifères d’importance majeure lui permettra d’ajouter à sa détermination fanatique des capacités militaires fortes. Sans appui américain et plus largement occidental, les Etats syrien (de noyau alaouite et chrétien) et irakien (de noyau chiite) seront balayés et avec eux l’Etat libanais ami de la France.
La France doit rapidement montrer à ces Etats qu’elle est encore un acteur politique majeur du Moyen-Orient. Notre alignement servile derrière le Qatar et l’Arabie Saoudite voulu par Sarkozy et validé par Hollande est largement responsable de la situation dramatique actuelle et il y a urgence à redéfinir notre politique au Moyen-Orient en renforçant nos relations avec la Syrie, l’Irak et l’Iran. L’influence de la France au Moyen-Orient, autant que sa sécurité intérieure future, sont directement en jeu dans la question des Chrétiens d’Irak.
Mais il s’agit aussi d’une question d’honneur. Certes laïque, la France n’en est pas moins historiquement une nation catholique, fille aînée de l’Eglise. Elle a, depuis les Croisades et la libération du tombeau du Christ, un devoir particulier envers ses frères chrétiens d’Orient. Ces Chrétiens d’Irak et de Syrie, mais aussi les autres minorités non sunnites, qui sont aujourd’hui victimes de massacres, de viols, de décapitations ne peuvent être abandonnés à leur sort. Il en va de notre honneur de se poser en protecteur de ces femmes chrétiennes aujourd’hui réduites en esclavage et vendues dans les souks des villes contrôlées par l’Etat islamique. Nos colis humanitaires ne répareront pas les erreurs stratégiques funestes des gouvernements Sarkozy et Hollande. Il faut aller plus loin.
L’intervention de l’aviation américaine en appui des forces gouvernementales irakiennes et des forces kurdes est un choix stratégique juste. Dans les plus brefs délais, le gouvernement français doit associer nos capacités aéronavales aux forces aériennes américaines dans le but de consolider les forces chiites et kurdes qui tentent de résister à la progression de l’Etat islamique.
Il devrait également être demandé à nos services de renseignement et nos forces spéciales d’oeuvrer à la mise hors d’état de nuire des djihadistes français partis combattre en Syrie et en Irak. Il n’est pas concevable en effet, pour la sécurité des Français, de laisser revenir sur notre territoire des hommes qui auront acquis une telle expérience militaire, qui se seront autant affranchis des règles de la civilisation en commettant des exactions atroces (égorgements, décapitations, viols…), et qui même derrière les barreaux d’une prison constitueront les nouveaux référents djihadiques susceptibles d’accélérer l’islamisation radicale de nos populations délinquantes.
Nations Presse Info