Le bateau d'une ONG a rapporté s'être dérouté pour porter secours au navire identitaire C-Star, en pleine mer, le 11 août. Le navire n'aurait toutefois demandé de l'aide de personne, comme l'affirme un responsable du projet «Defend Europe».
Un porte-parole du projet identitaire controversé «Defend Europe» a démenti auprès de l'AFP l'information diffusée le 11 août selon laquelle le navire C-Star, qui croise en Méditerranée, aurait lancé un appel de détresse. Plus tôt dans la journée, les opposants à ce projet consistant à intercepter en haute mer des embarcations de fortune remplies de migrants et à les ramener en Afrique, s'étaient gaussés de cette «avarie» sur les réseaux sociaux.
Dans la journée du 11 août, l'ONG Sea-Eye, engagée dans le secours aux migrants au large de Libye, avait affirmé avoir changé de cap pour venir en aide au navire identitaire. Michael Buschheuer, président de l'organisation, avait expliqué agir dans le cadre des règles de la navigation, qui préconisent l'assistance à toute personne en situation de détresse en mer, «indépendamment de son origine, sa couleur de peau, sa religion ou ses convictions». L'humanitaire a raconté qu'il avait été informé des difficultés du «navire nazi», et avait décidé d'agir en l'absence de réponse immédiate des garde-côtes.
Une situation cocasse qui a amusé nombre d'opposants aux identitaires sur les réseaux sociaux...
Or, interrogé par l'AFP, un militant français présent à bord du C-Star a assuré que le bateau n'était pas en détresse mais avait simplement arrêté ses moteurs afin de résoudre un «problème technique mineur». Son équipage aurait réalisé un simple signal de routine, manifestement interprété comme un appel de détresse, afin de signaler la manœuvre. Un militant identitaire a par conséquent dénoncé sur Twitter la diffusion par la presse de «fake news» sur le sujet.
Sillonnant la Méditerranée depuis mai 2017, le chalutier affrété par l'organisation politique européene Génération identitaire a rencontré plusieurs déboires depuis le début de sa mission. Il a notamment été bloqué par les autorités égyptiennes et chypriotes – dans ce dernier cas pour le motif pour le moins surprenant d'aide à l'immigration clandestine, quand des membres de l'équipage ont quitté le bateau pour demander l'asile sur place.
Par la suite, le navire a été contraint de rester au mouillage pendant cinq jours au large de la Tunisie, où des pêcheurs et un puissant syndicat local empêchaient son ravitaillement. La situation s'était finalement débloquée et le bateau avait pu être approvisionné et repartir le 10 août, d'après les militants identitaires cités par l'AFP.
Financé par la récolte de 212 000 dollars (180 000 euros) de dons en ligne à l'heure actuelle, le projet «Defend Europe» réunit des militants allemands, français, italiens et autrichiens sur ce navire qui croise en Méditerranée avec l'objectif de raccompagner sur le continent africain les migrants recueillis en mer, mais aussi de surveiller les bateaux des ONG qu'ils accusent d'être complices des passeurs et du trafic d'être humains.