Tant attendue par les Kosovars, qui ont laissé éclater leur joie dans les rues de Pristina, la proclamation de l'indépendance pose de sérieux problèmes. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni d'urgence, sans succès.
« Bonne chance au Kosovo! », lançait hier depuis Jérusalem Bernard Kouchner, qui fut lui-même administrateur de la province pour le compte des Nations unies, en saluant à distance la proclamation d'indépendance qui venait de se dérouler à Pristina. « Il n'y avait pas d'autres possibilités », ajoutait le ministre français des Affaires étrangères, en parlant curieusement d'un "succès de la communauté internationale et de l'Europe" : il a lâché le morceau, cet imbécile!
Cette proclamation risque pourtant de poser rapidement en Europe - et bien au-delà - plus de problèmes qu'elle n'en résout.
En proclamant hier l'indépendance dont ils rêvaient depuis si longtemps, Hashim Taçi, l'ancien chef de l'Armée de libération du Kosovo (UCK), devenu Premier ministre de cette région autonome de Serbie, et ses amis kosovars ont en réalité ouvert la boîte de Pandore avec un double risque : celui de remettre le feu aux poudres dans les Balkans et celui de démultiplier les revendications séparatistes de par le monde.
Dès hier soir, une explosion d'origine indéterminée a eu lieu à Mitrovica qui, dans le nord du Kosovo, a toujours été une ville emblématique de la coexistence difficile entre Serbes orthodoxes et Kosovars albanophones et musulmans, ainsi que le point de départ des différentes flambées de violences interethniques. En dépit des appels au calme lancés dans les deux communautés, on peut désormais craindre le pire car, si les partisans de l'indépendance laissaient éclater leur joie hier soir à Pristina, leur nouvelle capitale, la minorité serbe du Kosovo (environ 120 000 âmes sur 2 millions d'habitants) a le sentiment d'avoir été mise devant le fait accompli. Le Kosovo n'est-il pas le berceau de la culture et de l'orthodoxie serbes ?
Dès hier soir, le président kosovar, Fatmir Sejdiu, a demandé « à tous les pays du monde de reconnaître l'indépendance » du nouvel Etat. Si l'Albanie voisine a applaudi des deux mains, les premières réactions dans le monde sont réservées. Prudents, nombre de pays - y compris européens - se sont contentés de « prendre acte ». Même si, derrière les Etats-Unis, ils pourraient, comme la France, l'Italie, la Grande-Bretagne ou l'Allemagne, franchir le pas dès ce lundi. « La Serbie ne reconnaîtra jamais l'indépendance du Kosovo, a cependant prévenu le président serbe, Boris Tadic (réélu le 3 février). Elle a réagi et réagira par tous les moyens pacifiques, diplomatiques et légaux pour annuler cet acte commis par les institutions du Kosovo. » « Pour la Serbie, il n'y a pas et il n'y aura jamais d'Etat fantoche du Kosovo sur son territoire », a surenchéri à Belgrade le Premier ministre, Vojislav Kostunica, en accusant nommément George Bush d'être « responsable de cette violence ».
Défenseur farouche des Slaves en général et des Serbes en particulier, la Russie a aussitôt réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité (qui s'est tenue, hier soir à New York, sans succès) en rappelant que cette proclamation d'indépendance constitue « une violation de la souveraineté de la Serbie », ainsi que de la charte des Nations unies et de la résolution 1244 du Conseil qui régissait le statut de la province serbe depuis la fin de la guerre en juin 1999.
(Le Parisien 18.02)
120.000 Serbes orthodoxes sont maintenant les OTAGES des Kosovars albano-musulmans! Dès que les caméras seront parties, les Serbes seront en grand danger!