Tskhinvali, capitale de l’Ossétie du Sud. Pour tous les habitants, les soldats géorgiens sont les seuls coupables.
Devant la vieille dame, dans son petit appartement près du centre de Tskhinvali, vêtements, photos et boîtes de médicaments se perdent dans les gravats. Le mur extérieur est crevé. Il donnait sur la place de la Gare où les combats ont fait rage. Ce trou a sans doute été causé par un tank. Le tir a été si puissant qu'à l'intérieur, un deuxième mur a été percé. Derrière, le piano est défoncé. «Les Russes, nos frères, sont venus nous défendre», tente de rassurer une voisine auprès de Verena. «Maintenant, ils vont nous aider à tout reconstruire...»
Il est impossible de dire qui est responsable de chacune des destructions, résultats de combats de rue entre forces géorgiennes d'un côté, russes et sud-ossètes de l'autre. Mais, pour tous les habitants, les soldats géorgiens sont les seuls coupables. Pourquoi avoir visé ce quartier résidentiel situé près de la place de la Gare mais aussi d'une des bases militaires russes? «Ce sont des fascistes...» répond Mzia Mameeva, 40 ans, une autre voisine. Chez elle, les murs sont démolis, les vitres brisées, les sols couverts de débris, les meubles partiellement détruits.
Comme la veille dans un camp de réfugiés près de Vladikavkaz, la plus proche ville en Russie, ces femmes dénoncent les crimes commis par les soldats géorgiens contre les civils. es grenades auraient été lancées dans les sous-sols des immeubles pour tuer ceux qui s'y étaient blottis. «Il y a des preuves d'un nettoyage ethnique. Les Géorgiens voulaient chasser les Sud-Ossètes pour occuper leur territoire», affirme un enquêteur du Parquet russe dans un camp de réfugiés.
Pour toutes ces femmes, il n'est «plus jamais question» de faire partie de la Géorgie. «Nous voulons être le plus loin possible d'eux. Comment faire confiance à Saakachvili? Quinze minutes avant l'attaque, il avait publiquement dit qu'il n'utiliserait pas la force... Nous ne croyons que les Russes», explique Manana Tedeeva, 35 ans. Avec un sourire glacial, elle prévient: «Aux Géorgiens, nous leur rendrons la monnaie!» Un désir de revanche à peine voilé chez cette jeune femme qui, avec fierté, parle de son frère parti «pour défendre notre territoire».
(Source: la Tribune de Genève - 18 août 2008)