"Un bon deal". C'est en ces termes que le fils du colonel Kadhafi, Seif el-Islam Kadhafi, commente dans un entretien publié par Le Monde le résultat des négociations qui ont abouti à la libération des infirmières bulgares - négociations dont il a été un acteur clef. Quelques heures à peine après le retour des intéressés en Bulgarie, Nicolas Sarkozy avait assuré que "ni l'Europe ni la France" n'avaient "versé la moindre contribution financière à la Libye". Mais pour le fils du leader libyen, deux éléments ont beaucoup pesé dans la balance, notamment un important contrat d'armement avec la France et une décision de justice au Royaume-Uni sur un ancien agent secret libyen.
Paris et Tripoli ont conclu le 25 juillet un mémorandum sur un projet de fourniture d'un réacteur nucléaire civil permettant la "désalinisation" de l'eau de mer, ainsi qu'un accord dans le domaine militaire, juste après la libération des infirmières. Selon Le Monde, qui s'est entretenu avec le fils du colonel Kadhafi à Nice, le "coeur du sujet" entre Paris et Tripoli n'est pas ce projet nucléaire, mais "l'affaire militaire".
"Nous avons demandé à Sarkozy d'accélérer les choses"
"D'abord, l'accord recouvre des exercices militaires conjoints, bien sûr", explique ainsi le fils du leader libyen. "Puis, nous allons acheter à la France des missiles antichar Milan, à hauteur de 100 millions d'euros je pense. Ensuite, il y a un projet de manufacture d'armes, pour l'entretien et la production d'équipements militaires", affirme-t-il. En commentant aussitôt : "Vous savez que c'est le premier accord de fournitures d'armes par un pays occidental à la Libye ?" En 2004, un embargo européen sur les ventes d'armes à la Libye a été levé, mais selon le responsable libyen, "un embargo non dit persistait contre mon pays. Les Allemands, surtout, étaient réticents pour des ventes d'armes. Mais avec les Français, nous avons été en négociations depuis longtemps. Nous avons demandé à Sarkozy d'accélérer les choses. Maintenant que le cas des infirmières est réglé, c'est une occasion en or qui survient".
Selon lui, des "représentants" des groupes français Thalès et Sagem "sont en Libye en ce moment même". Le colonel Kadhafi "devrait se rendre en France pour signer les contrats en question", ajoute Le Monde. Pour David Martinon, porte-parole de l'Elysée, cependant, "il n'y a pas eu de contrat d'armement signé à l'occasion de la visite de Nicolas Sarkozy en Libye"
"Les Français ont arrangé le coup"
Le fils du colonel Kadhafi lie par ailleurs l'affaire des infirmières bulgares à l'affaire Al-Megrahi, du nom d'un ancien agent libyen emprisonné au Royaume-Uni pour l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts en 1988, et dont Seif el-Islam Kadhafi espère le prochain retour en Libye. L'ex-agent a été autorisé, fin juin, à faire appel de sa condamnation pour la seconde fois. "Nous allons bientôt avoir un accord d'extradition avec le Royaume-Uni", dit le fils du dirigeant libyen. "Nos gens", ajoute-t-il en parlant d'officiels libyens, "étaient à Londres il y a un mois environ" pour en discuter.
Seif el-Islam Kadhafi "dit avec une grande tranquillité qu'il n'a pas cru en la culpabilité des infirmières bulgares", note Le Monde. Selon lui, "elles ont malheureusement servi de boucs émissaires". Il affirme "qu'aucun argent libyen" n'a été versé aux familles d'enfants libyens malades du sida. "Ce que je peux dire, c'est que les Français ont arrangé le coup. Les Français ont trouvé l'argent pour les familles. Mais je ne sais pas où ils l'ont trouvé", en refusant de confirmer une intervention du Qatar. Les familles des victimes ont reçu des dédommagements d'un million de dollar par victime, soit un total de 460 millions de dollars. La Commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, avait déclaré que cet argent avait été versé par la Libye.
(Source: LCI.fr)