C'est bien Valérie Lemercier dans « Agathe Cléry », la comédie musicale que réalise actuellement Etienne Chatiliez à Paris. L'actrice joue une femme raciste devenue noire à cause d'une maladie rare.
Quartier de la Madeleine à Paris, au siège d'une importante société d'assurances. Dans le bureau d'un DRH, une jeune femme noire passe un entretien d'embauche. Aux commentaires du cadre recruteur, on comprend que la postulante présente le bon profil, mais, manifestement, pas la bonne couleur.
Cette scène d'exclusion ordinaire constitue l'un des temps forts du nouveau film d'Etienne Chatiliez, « Agathe Cléry », dont le tournage a commencé cet été à Paris et en Normandie. On devine sous la pigmentation noire les traits de Valérie Lemercier, méconnaissable avec sa coiffure afro (ce sont ses vrais cheveux) et formidablement grimée (la transformation nécessite trois heures de maquillage). L'actrice tient le rôle principal, aux côtés d'Anthony Kavanagh, Jean Rochefort, Isabelle Nanty, Dominique Lavanant, Jacques Boudet, Valentine Valera, Artus de Penguern, Djamel Bensalah et Julie Ferrier.
Le réalisateur de « La vie est un long fleuve tranquille » n'avait plus tourné pour le cinéma depuis le relatif échec commercial de « La confiance règne » (2004). Produit par son partenaire habituel Charles Gassot pour un budget de 22 M € , « Agathe Cléry » constitue pour Etienne Chatiliez un retour ambitieux à la réalisation, puisqu'il a choisi de traiter le sujet de la xénophobie sous la forme d'une comédie musicale. L'histoire d'Agathe Cléry est celle d'une jeune femme blanche, directrice de marketing dans l'industrie cosmétique, qui devient noire à la suite d'une maladie endocrinienne, la maladie d'Addison*. Sa vie va alors basculer. Pleine de préjugés racistes, exclusivement obnubilée par sa réussite professionnelle, méprisante à l'égard de ses subordonnés, Agathe perd son job et doit à son tour affronter les situations humiliantes qu'elle faisait subir aux personnes de couleur. Sa rencontre amoureuse avec un homme à la peau noire (Anthony Kavanagh) aura pour elle valeur de rédemption.
« Le scénario, cosigné avec Laurent Chouchan, est l'adaptation d'une histoire vraie, celle d'une femme blanche d'Afrique du Sud, à l'époque de l'apartheid, qui était devenue noire en raison de la maladie d'Addison », raconte Etienne Chatiliez. « Ça m'intéressait d'aborder le thème du racisme dans la société actuelle et des valeurs exclusives qu'elle véhicule - le pognon, la réussite, la consommation effrénée. Le personnage d'Agathe est la parfaite incarnation de tout ça ! Mais comme je ne suis pas un militant, j'ai voulu faire quelque chose de drôle et de léger. J'ai pensé qu'une comédie musicale, humoristique et incisive dans le ton, était la façon la plus efficace de faire passer le message. »
L'argument de cette comédie musicale est fondé sur une maladie endocrinienne, la maladie d'Addison. L'instrumentalisation "artistique" d'une maladie grave ne peut être en soi "drôle et léger" comme le prétend Etienne Chatiliez. D'autre part, une maladie n'est pas une "race", et la maladie d'Addison n'est pas non plus un punition divine contre les préjugés racistes anti-Noirs...
Les Noirs ne sont pas des malades. Assimiler la prise de conscience de la "négritude" et/ou du "racisme" à l'irruption d'une maladie a quelque chose de profondément déplaisant envers les personnes d'origine africaine, et également envers les malades souffrant de cette affection endocrinienne qui peut être mortelle. Il y a un manque de respect de part et d'autre qui est choquant.
On ne peut guère tomber plus bas dans la sottise et le mauvais goût...
* Qu'est-ce que la maladie d'Addison?
1) Typiques: la maladie d'Addison
L'installation du tableau est le plus souvent insidieuse, parfois plus rapide voire aiguë.
a) Signes fonctionnels
La mélanodermie est le signe le plus évocateur: c'est un brunissement de la peau comparable avec un bronzage et d'ailleurs accentué par l'exposition solaire; il présente la particularité de s'accentuer avec le temps même en l'absence d'exposition. Quelques caractères sont à signaler:
- La mélanodermie n'est pas homogène et il existe des zones bruns sales
- Elle prédomine sur les régions exposées mais aussi dans les zones de pression (genoux, coudes et zones de frottement) et les régions normalement pigmentées (organes génitaux externes, mamelons)
- Les muqueuses buccales et génitales sont maculées de taches ardoisées
- La paume et la plante des pieds sont respectées mais les plis palmaires sont atteints. De même, les ongles sont striés.
Les troubles digestifs sont à type d'anorexie et de constipation. Douleurs abdominales, diarrhée et vomissements annoncent une décompensation.
b) Signes généraux
L'asthénie est constante et progressive. D'abord prédominante le soir, elle touche bientôt l'activité physique, intellectuelle et sexuelle.
L'amaigrissement est expliqué par la fuite sodée, l'inhibition de la néoglucogénèse et l'anorexie. Certains patients ont une appétence marquée pour le sel et une hypodipsie.
c) Signes physiques
L'hypotension artérielle est elle aussi constante mais peut être masquée par une hypertension artérielle antérieure.
2) Atypiques
D'autres signes cliniques sont plus atypiques:
- malaises hypoglycémiques à jeun
- irritabilité ou au contraire tendance dépressive
- crampes des membres inférieurs surtout en extension
- troubles génitaux divers, plus facilement appréciés chez la femme
- arthralgies, calcifications tendineuses et des pavillons auriculaires
3) Par une complication
C'est l'insuffisance surrénale aiguë qui met directement en jeu la vie du patient et peut être un mode de découverte de la maladie.
Dernière modification de cette fiche : 27/08/2007
(Source: MEDinfos)