Autour de la table : Nicolas Sarközy, président en exercice de l'Union européenne la chancelière allemande Angela Merkel, le président du conseil italien Silvio Berlusconi et le Premier ministre britannique Gordon Brown. Les présidents de la Commission européenne José Manuel Barroso, de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker et de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet seront également présents.
"Les dirigeants politiques doivent prendre leurs responsabilités et ceux qui sont à l'origine du préjudice doivent contribuer à une solution", a dit la chancelière allemande en arivant. "Vous prenez ce qu'a dit Angela Merkel, vous le traduisez en français, et c'est exactement ce que je pense", a enchaîné Nicolas Sarkozy. "A un problème mondial, il faut une réponse mondiale", a-t-il souligné. Gordon Brown a pour sa part fait part de son "bon espoir que toutes les parties prennent les mesures nécessaires pour sauvegarder leurs économies respectives".
Le socialiste Strauss-Kahn : pas de "chacun pour soi"
"Le résultat escompté, c'est clairement beaucoup plus de coordination", a déclaré samedi la ministre française de l'Economie Christine Lagarde. Nicolas Sarkozy a reçu en début d'après-midi le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn. A la sortie d'un entretien de plus d'une heure, DSK a affirmé que le président voulait "une coordination des Européens et une réponse collective, qui veut éviter qu'il y ait une absence de solidarité entre les Européens, cette réponse est juste. C'est celle que je soutiens", et "je crois qu'ils en sont capables". "Il faut qu'il soit indiqué aux marchés" que les pays européens ne vont pas agir "chacun pour soi", a estimé Dominique Strauss-Kahn. Il s'est aussi montré pessimiste sur les conséquences de la crise, annonçant que le FMI allait publier des prévisions de croissance en baisse, car la situation économique mondiale est "très préoccupante", les pertes des banques sont "plus importantes que ce que nous avions mesuré". "Le FMI pense que le problème est global et qu'il faut une réponse globale", a-t-il souligné. (Voir la vidéo)
Le sommet constitue la première étape de l'hypothétique "remise à plat" du système financier international que Nicolas Sarkozy a proposée à ses pairs. A ce stade, il ne devrait pas accoucher de mesures concrètes. Le président du Parlement européen, l'Allemand Hans-Gert Pöttering, a tenu à rappeler vendredi à Madrid que ce "G4" ne pouvait servir qu'à faire des propositions et que les véritables décisions devaient être prises à 27. "C'est une réunion des Européens du G8 pour préparer les échéances internationales à venir", prend-on soin de préciser dans l'entourage du président français. "On va parler de la crise financière, de ce que l'on peut faire, on va essayer d'élaborer une position européenne commune sur ces sujets. On ne va pas sauver la planète".
"Réagir au cas par cas"
D'autant que la préparation de la réunion, particulièrement délicate, a fait éclater au grand jour de sérieuses divergences entre les 27 sur les remèdes à utiliser pour protéger le système financier européen. L'idée avancée jeudi par la ministre française de l'Economie Christine Lagarde dans un journal allemand de constituer un fonds européen de sauvetage des banques, projet pour lequel un montant de 300 milliards d'euros a été cité, a été accueillie par un tir de barrage. Pas question d'"accorder des chèques en blanc aux banques, qu'elles se soient comportées de manière responsable ou pas", a vertement répliqué Angela Merkel, qui préfère réagir "au cas par cas".
L'idée d'un tel fonds a également été rejetée par MM. Trichet et Juncker. Quant à Gordon Brown, s'il a reconnu que la crise financière avait une "dimension européenne", il a jugé "normal" que des solutions soient recherchées au niveau de chaque pays. Le Premier ministre britannique a annoncé qu'il proposerait la création d'un fonds européen de 12 milliards de livres (15,3 milliards d'euros) pour aider les petites entreprises, lors du mini-sommet. La décision de Dublin d'offrir une garantie de deux ans sur tous les dépôts dans les six grandes banques irlandaises a suscité la réprobation des autres pays européens. Le sommet devrait d'ailleurs adresser au moins un message implicite aux Irlandais, selon un diplomate français.
A défaut d'un plan unique, les Européens souhaitent harmoniser leurs réponses à la crise. "L'intérêt européen commande un effort intense de coordination et de convergence des actions à mener", a écrit vendredi M. Sarkozy dans une lettre à M. Barroso, également adressée aux vingt-six partenaires de la France dans l'UE.
Dès lundi, la Commission de Bruxelles doit proposer aux ministres de l'Economie des 27 une série de mesures. Parmi elles, une meilleure réglementation des rémunérations des dirigeants d'entreprise, notamment les "parachutes dorés", cibles de critiques après les récentes nationalisations de banques.
LCI.fr - 04.10.08