Il ne faudrait pas "gâcher la fête", justifie Brice Hortefeux.
Le ministre de l'Intérieur a demandé aux préfectures de ne pas communiquer le nombre de voitures incendiées la nuit du 13 au 14 juillet dans leurs départements, rapporte l'Express.fr.
Si un syndicat de police se félicite de cette décision, ce n'est pas l'avis du Syndicat national des journalistes (SNJ), qui revendique le droit à l'information.
Sur Le Post, Dominique Pradalié, secrétaire générale du SNJ, dénonce la politique de Brice Hortefeux: "Ce n'est pas parce qu'on ne parle plus des voitures brûlées que cela ne va plus arriver".
Que pensez-vous de la décision du ministère de l'Intérieur?
"Le ministère avait déjà été pris en flagrant délit de mensonge il y a quelques mois, en donnant des chiffres de voitures différents de ceux des préfectures. Pour simplifier le problème, voilà qu'il décide d'arrêter totalement de donner ses chiffres."
Brice Hortefeux se justifie en disant qu'il souhaite "mettre fin à cette tradition malsaine consistant à valoriser, chaque année à la même époque, des actes criminels"...
"C'est ridicule et dangereux. Ce n'est pas parce qu'on ne parle plus des voitures brûlées que cela ne va plus arriver. Dans ce cas, pourquoi on continuerait de communiquer les chiffres sur les agressions dans le RER, par exemple? A partir de là, on ne donnerait plus que l'information heureuse. Les journalistes ne peuvent plus faire le travail, dans ces conditions. C'est une forme de censure."
Pensez-vous que le gouvernement tente de promouvoir l'efficacité de sa politique de sécurité intérieure?
"L'an dernier, le gouvernement avait donné un chiffre approximatif de '500 voitures brûlées'. On n'a pas pu vérifier ce chiffre. Il se peut qu'il ait été sous-estimé, ou sur-estimé. A partir du moment où l'on ne laisse plus les journalistes vérifier les informations, toutes les manipulations sont possibles."
Faute des préfectures, les journalistes peuvent toujours interroger les gendarmeries, ou les pompiers...
"Le problème est qu'il y a parfois des pressions au sein même de ces instances-là. C'est scandaleux d'interdire de donner ces chiffres. Cela ne relève pas du secret d'Etat, quand même !"
Comment comptez-vous réagir?
"Les journalistes devraient refuser de couvrir certains événements du gouvernement tant que celui-ci refuse de communiquer ses chiffres. On a déjà vu des journalistes poser leurs appareils photos et caméras, devant l'Elysée. On peut recommencer.
Nous allons enquêter pour voir comment les journalistes font actuellement pour obtenir ces chiffres. Si cela se généralise, nous demanderons au ministère de l'Intérieur d'être reçus."
Le Post- 15/07/10