"Nous faisons savoir aux autorités iraniennes que les injures proférées par le quotidien Kayhan et reprises par des sites internet iraniens à l'égard de plusieurs personnalités françaises, dont Mme Carla Bruni-Sarkozy, étaient inacceptables", a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
"Nous faisons passer ce message par les voies diplomatiques habituelles", a-t-il ajouté.
Le journal ultra-conservateur Kayhan, coutumier de propos insultants et outranciers à l'égard de responsables iraniens ou étrangers, avait assimilé samedi Carla Bruni à une "prostituée" en raison de sa vie privée jugée "immorale".
Le 23 août, Carla Bruni-Sarkozy, ancien top-model d'origine italienne de 43 ans, avait publié en France un message à l'intention de Sakineh Mohammadi-Ashtiani, mère de famille iranienne condamnée à mort par lapidation dans une affaire mêlant, selon la justice iranienne, des adultères et le meurtre de son mari.
"Du fond de votre cellule, sachez que mon mari plaidera votre cause sans relâche et que la France ne vous abandonnera pas", assurait-elle, alors que le sort de cette Iranienne suscite une forte mobilisation dans les pays occidentaux.
Le journal ultra-conservateur est revenu à la charge mardi dans un article rejetant "l'indignation de cette prostituée italienne".
"L'examen des antécédents de Carla Bruni montre clairement pourquoi cette femme immorale a soutenu une femme iranienne et en fait elle mérite elle-même la mort", a-t-il ajouté.
Les autorités de Téhéran ont assuré mardi qu'elles ne souscrivaient en rien à de telles injures. "La République islamique n'approuve pas l'insulte contre les responsables des autres pays", a réagi mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast.
Dans la presse iranienne aussi, les injures du journal Kayhan ont rencontré peu d'écho.
Le site internet du groupe de presse gouvernemental Iran, www.inn.ir, écrivait cependant lundi que "les médias occidentaux, en détaillant ses nombreux antécédents d'immoralité, ont implicitement confirmé que (Carla Bruni) méritait ce titre" de prostituée.
Ces insultes contre l'épouse de Nicolas Sarkozy s'inscrivent dans un contexte de tension persistante depuis des mois entre Paris et Téhéran.
La défense par Paris de Sakineh Mohammadi-Ashtiani vient s'ajouter au contentieux sur le programme nucléaire iranien et aussi à l'affaire Clotilde Reiss, une jeune universitaire française emprisonnée puis retenue pendant 10 mois en Iran pour sa participation à des manifestations d'opposants.
La semaine dernière, Nicolas Sarkozy affirmait que Paris considérait avoir la "responsabilité" de Sakineh, tandis que son ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner demandait à l'Union européenne d'envisager des sanctions contre Téhéran si la condamnation à la lapidation venait à être appliquée.
Depuis son mariage, Carla Bruni est restée en retrait des affaires politiques. Poursuivant un carrière de chanteuse, elle s'est engagée dans des causes humanitaires et limite généralement ses interventions publiques à cette sphère.
Par ailleurs, les écrivains français Philippe Besson et Gilles Leroy, rejoints par près de vingt autres personnalités du monde de la culture, lancent un appel en faveur d'un jeune homme condamné à la pendaison en Iran pour homosexualité, publié dans Le Monde daté de mercredi.
Intitulé "Ebrahim Hamidi a 18 ans et il va être pendu", cet appel est notamment soutenu par Alfredo Arias, Dominique Blanc, Arnaud Cathrine, Isabelle Gallimard, Vincent Josse, Claude Lanzmann, Camille Laurens, Jonathan Littell, Paul Otchakowsky-Laurens ou Atiq Rahimi.
"Après Sakineh, Mohammadi Ashtiani, condamnée à la lapidation pour adultère, l'Iran persiste et signe en condamnant à la pendaison un jeune homme soupçonné d'homosexualité", soulignent les écrivains.
AFP. 31/08/10