"Liliane Bettencourt a estimé qu'elle avait déjà beaucoup donné à M. Banier, elle a donc mis fin à la disposition qui faisait de lui son légataire universel", a déclaré samedi à l'AFP Me Georges Kiejman, avocat de la milliardaire.
Mme Bettencourt, 87 ans, a rédigé mi-juillet depuis sa propriété de l'Arcouest (Côtes-d'Armor) un document qui modifie son testament établi en 2007 et révoque M. Banier de son titre, sans désigner de nouveau légataire universel, a précisé l'avocat, confirmant ce qu'il a dit au journal Le Monde.
François-Marie Banier devait, au titre de cette fonction de légataire universel, percevoir après le décès de Mme Bettencourt huit pour cent de son patrimoine, soit environ 1,25 milliard d'euros, avait expliqué fin juillet l'entourage de l'une des toutes premières fortunes de France.
Le patrimoine de Mme Bettencourt, évalué à 15,63 milliards d'euros selon la dernière estimation du 1er mars, est composé notamment pour 14,5 milliards de sa participation (30%) dans le capital de L'Oréal via la holding Thétys.
Françoise Meyers-Bettencourt - fille unique de Liliane Bettencourt - et ses deux fils détiennent la nue-propriété de cette participation dans L'Oréal (la fille en est propriétaire mais la mère touche les dividendes), ainsi que des biens immobiliers familiaux.
Mme Bettencourt et son mari, André Bettencourt, décédé en 2007, avaient en outre décidé de porter la part dont hériteront leur fille et ses deux enfants à plus de 92% de leur patrimoine, avait précisé fin juillet l'entourage de la milliardaire.
Reste ainsi au légataire universel la "quotité disponible", soit huit pour cent du patrimoine Bettencourt. M. Banier, visé par une plainte de Françoise Meyers-Bettencourt pour "abus de faiblesse" sur l'octogénaire, a déjà reçu environ un milliard d'euros de dons (assurances-vie, tableaux) dans les années 1990 et 2000.
Un autre bénéficiaire du testament de Liliane Bettencourt, le professeur Gilles Brücker, désigné exécuteur testamentaire par la milliardaire, est pour sa part dans le collimateur de l'Ordre des médecins.
Le président de l'Ordre, Michel Legmann, a demandé au conseil départemental de Paris d'entendre ce spécialiste en épidémiologie devenu médecin conseil de Mme Bettencourt à la fin des années 1990, ainsi que sa compagne, Christine Katlama, et d'autres praticiens "afin d'obtenir des éclaircissements" et déterminer s'ils ont enfreint le code de déontologie.
Interrogé par Le Monde sur ce dossier fin juillet, le Pr Brücker s'était déclaré "très serein". "Nous avons une telle conscience, Christine Katlama et moi-même, d'être transparents, désintéressés, que nous avons notre entière conscience pour nous", avait-il déclaré.
"A titre personnel, je n'ai pas touché un centime d'euro", avait-il assuré.
Ces nouveaux éléments devraient nourrir l'enquête menée à Nanterre par la juge Isabelle Prévost-Desprez, chargée de juger M. Banier et qui devrait entendre dans les jours qui viennent des visiteurs réguliers de Mme Bettencourt et des membres de son entourage, a dit une source proche du dossier.
La magistrate, en conflit ouvert avec le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, doit en effet vite avancer dans ses investigations, avant que la cour d'appel de Versailles ne se prononce le 14 septembre sur un recours en annulation déposé par Me Kiejman, l'avocat de Liliane Bettencourt.
AFP. 28/08/10