Entrée de l'immeuble à Toulouse
Cette femme de 34 ans a été examinée par un médecin qui a conclu que son état n'était pas compatible avec un placement en garde à vue, a dit le procureur Michel Valet devant la presse. Elle a été hospitalisée dans la nuit de jeudi à vendredi sans être entendue par les enquêteurs.
Le procureur n'a guère laissé de doute sur le fait que c'est bien elle qui, jeudi soir, a précipité sa fillette du huitième étage d'un immeuble en plein centre-ville.
Il existe "des charges très sérieuses" contre elle, a-t-il dit. Le père de l'enfant et d'autres proches ont été entendus en qualité de témoins et aucun soupçon ne pèse sur eux.
L'hospitalisation "n'arrête pas le cours de la justice", a précisé le procureur. Une information judiciaire va être ouverte et il va falloir reconstituer le déroulement des faits, cerner la personnalité de la mère et le contexte familial, a-t-il dit. Mais il s'est gardé de fournir le moindre début d'explication.
Le drame s'est déroulé sans que personne ne semble en avoir eu immédiatement connaissance. La petite fille, baptisée Zoé, est tombée d'une vingtaine de mètres de haut dans l'arrière cour bétonnée. Elle devait être autopsiée vendredi.
Il a fallu que la soeur qui, pour une raison indéterminée, se trouvait sur le palier devant la porte, s'inquiète de ce qui se passait à l'intérieur et que les proches alertent les pompiers.
Le couple passait pour être sans histoire, au point que Raphaël Yepes, concierge de l'immeuble calme hébergeant surtout des personnes âgées, disait ne pas connaître l'infanticide présumée.
"On tombe des nues", abondait Catherine Barrère-Melki, oto-rhino-laryngologiste au 1er étage.
Une voisine de palier n'avait jamais "entendu un mot plus haut que l'autre, ils avaient l'air d'avoir une vie de couple paisible".
"C'est un couple charmant, son geste est incompréhensible. C'était une femme très bien, très calme", disait Gisèle, qui refusait de décliner son nom.
"On les voyait aux réunions de la copropriété, ils étaient très discrets", se rappelait-elle.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? Après l'accouchement, c'est difficile pour une femme, mais elle était si contente d'avoir un bébé", disait-elle.
Une psychologue, Line Abeau-Inard, mettait en garde contre les conclusions hâtives et soulignait la diversité des raisons qui pouvaient avoir motivé un acte aussi extrême: "Cela peut être quelqu'un qui sent cet enfant comme quelqu'un qui l'envahit, qui n'arrive pas à prendre du recul par rapport à cet enfant (...) ça peut être quelqu'un de complètement dépressif, qui a fait une dépression post-partum" après la naissance.
Selon elle, les experts devront établir le degré de discernement de la mère au moment des faits. Une chose est sûre: le geste frappe les esprits "parce qu'on touche vraiment à des tabous: dans l'imaginaire collectif, la mère est la nourricière, celle qui va protéger (...) Quand une mère sort de ce cadre-là, c'est très choquant".
AFP. 27/08/10