Les quantités d'éléments radioactifs piégés dans la végétation des zones contaminées par la catastrophe de Tchernobyl sont bien trop faibles pour représenter un danger sanitaire potentiel.
Si des zones contaminées par la catastrophe de Tchernobyl venaient à brûler, quel serait le risque sanitaire pour la France ? Nul, répond l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Entre 2002 et 2006, des feux de forêts avaient déjà touché ces régions à la frontière russo-ukrainienne. Les mesures effectuées à l'époque en France avaient alors effectivement montré un pic de concentration en césium 137 dans l'air. Mais la radioactivité associée à ce pic restait quasi-négligeable: plus de 60 millions de fois inférieure au seuil d'exposition maximal recommandé par l'OMS - dans la région de Tchernobyl le regain de radioactivité, 60 fois supérieur, n'avait pas dépassé le millionième de cette limite. En France, certaines habitations atteignent parfois ce seuil à cause d'un gaz radioactif naturel, le radon, que l'on retrouve dans les régions granitiques comme le Limousin ou la Bretagne.
Si le césium est légèrement différent du radon, il n'est pas plus dangereux. Il s'agit d'un produit de la fission nucléaire dont la durée de vie est relativement longue et la radioactivité assez limitée. Il est souvent absorbé par la végétation qui prend cet élément pour du potassium et le stocke dans ses feuilles. Quand les arbres brûlent, ils libèrent l'élément radioactif qui est alors transporté avec les poussières au gré du vent.
Pas de risque sanitaire
Devant les inquiétudes soulevées par l'association écologiste Robin des Bois, qui redoute des retombées radioactives en France si les zones radioactives venaient à brûler, l'IRSN a promis d'effectuer des mesures régulières. «Pour détecter de si faibles quantités de césium, nous utilisons le réseau Opéra-Air», explique Philippe Renaud du service de surveillance de l'environnement de l'IRSN. Cette dizaine de stations réparties sur l'ensemble du territoire sert d'ordinaire à mesurer le bruit de fond radioactif. Toutes les semaines, 50.000 mètres cubes d'air traversent dans chaque station un filtre qui est ensuite analysé par les chercheurs. Dans ce type de circonstances exceptionnelles, l'IRSN peut relever les filtres plusieurs fois par semaine.
L'institut se veut toutefois rassurant. «Les niveaux d'activité susceptibles d'être observés en France à la suite de tels phénomènes ne sont pas de nature à provoquer une inquiétude d'ordre sanitaire», est-il expliqué dans un communiqué. «S'inquiéter pour si peu revient à craindre une inondation après qu'il est tombé un millimètre de pluie», tente de rassurer de son côté Geneviève Baumont, chargée de communication à l'IRSN et ancienne experte de l'institut.
Le Figaro - 06/08/10