Nicole
Guiraud
Victime de l'attentat á la bombe du FLN, au Milk-Bar d'Alger le 30 septembre 1956
Monsieur Jamet a le droit de penser ce qu’il veut de « Maître » Vergès, nous sommes dans une démocratie et nous respectons tous la liberté d’expression.
À condition que cette démocratie respecte à son tour la liberté d’expression de ceux qui furent les victimes (indirectes) de feu M. Vergès et de ses amis porteurs de valises du FLN, et les victimes (directes) de ceux qu’il défendit, les terroristes poseurs de bombes de ce même FLN. Entre autres criminels.
Monsieur Jamet ne fait assurément pas partie de la catégorie des victimes, que ce soit celles des terroristes FLN, ou celles de Klaus Barbie et consorts… Il ne pourrait pas, sinon, affirmer avec une telle assurance et une telle « logique théorique », si insultante pour les victimes, que M. Vergès était l’honneur du barreau parce qu’il aurait « défendu même le Diable » ! Allons, allons… Monsieur Jamet, reprenons-nous… Le métier d’avocat ne correspond pas forcément à ce que vous en interprétez. Les avocats eux aussi ont le droit de refuser tel ou tel client… Et si Maître Vergès a accepté de défendre des criminel(le)s de guerre, c’est que ça lui plaisait et qu’il y trouvait son compte, à de nombreux niveaux, et pour de multiples raisons d’ailleurs. Point.
Les actes et positions extrêmes de ces criminels politiques correspondaient parfaitement à la posture extrême, narcissique et exhibitionniste de cet avocat, qui les défendait même au-delà du tribunal, ce qui est beaucoup plus grave et ce que semble oublier monsieur Jamet. Qui se ressemble s’assemble, dit-on.
À moins que j’aie mal compris, et que ce dernier ait voulu faire une plaisanterie ? Bien mauvaise, dans ce cas, quand on songe à toutes ces victimes, celles du FLN, des nazis ou d’autres assassins, pour lesquelles « la star du barreau » Maître Vergès n’a jamais eu un seul mot de compassion.
La fascination de la violence (du Mal, diront d’autres) semblant tellement endémique dans notre société actuelle en France, chez certains avocats et certains journalistes par exemple, je proposerais, avant toute attribution d’un diplôme de ces professions de responsabilité et par mesure de prophylaxie, le passage obligé chez un psychothérapeute, voire un psychanalyste, afin de déterminer le degré de stabilité psychologique du candidat, et tout particulièrement ses critères moraux, sa résistance aux sirènes de la perversion et de la fascination pour le crime.
Les résultats de ces examens seraient sans doute fort instructifs…
Et cela ferait partie de l’hygiène mentale non seulement du futur avocat – ou journaliste –, mais de celle de la société tout entière !
Pour conclure, et pour ma part, je ne me laisserai aller à aucun éloge funèbre de Me Vergès.
Bien au contraire, j’ouvre une bouteille de champagne, au nom de toutes les victimes dont il a défendu les assassins.
Et tant pis si on me traite de « réactionnaire et méchante revancharde »…
Vous pouvez diffuser.
Contrairement à ce qu’a pu croire Nicole Guiraud, je ne suis pas de ceux qui ont pris parti en son temps contre l’Algérie française, loin de là. C’est dire que je m’incline devant la douleur des victimes du terrorisme FLN et que je comprends son ressentiment. Cela dit, elle m’accordera que dans toute société de droit, le pire des criminels ne saurait être privé d’un avocat. Il y a là un marqueur essentiel de la civilisation. Jacques Vergès fut, dans sa manière, flamboyante, le défenseur de ceux que la plupart de ses confrères et l’opinion déclaraient indéfendables. Sa mort était l’occasion de le rappeler. Rien de plus, mais rien de moins.
Dominique JAMET
BOULEVARD VOLTAIRE