L'homme soupçonné d'avoir roué de coups une jeune femme de 32 ans et violé une autre passante de 21 ans, le 7 août dernier, aux abords de la gare de La Garenne-Colombes, contestait toujours les faits mardi soir en garde à vue, expliquait alors le procureur de la République de Nanterre, Robert Gelli.
La première victime a été retrouvée «baignant dans le sang», selon sa mère, rue des Voies-du-Bois, à deux pas de la gare, dans cette grande allée bordée d'arbres verts et de petites maisons, réputée «sûre et tranquille» pour les habitants. Il était environ 22 heures, elle rentrait chez elle à Colombes (Hauts-de-Seine) tout en téléphonant à un ami.
Sofiane M., 26 ans, en semi-liberté depuis mai dernier, est aussi soupçonné d'un viol, qui a eu lieu trois quarts d'heure après la première agression. Toujours à Colombes, dans une rue proche de la gare, une jeune femme de 21 ans a été abusée sous la menace d'un couteau. L'homme lui aurait ensuite volé son sac à main. L'enquête a été confiée à la PJ des Hauts-de-Seine qui, grâce aux images de vidéosurveillance de la Ville et de la RATP, a pu interpeller Sofiane M. lundi matin au domicile de sa mère à Colombes.
Le 7 août, au soir des deux attaques, Sofiane M. devait rentrer à 21 heures à la prison de la Santé et n'y est arrivé qu'après 23 heures. «Dès le lendemain, le juge d'application des peines (JAP) lui a adressé une convocation pour la date du 22 août dans le but d'examiner la révocation de sa semi-liberté», précise le procureur Robert Gelli.
Polémique droite-gauche
«Les horaires dans une semi-liberté sont individualisés et à respecter à la lettre, sinon le JAP en est prévenu aussitôt pour intervenir», explique Céline Parisot, juge d'application des peines à Albertville. «Les conditions pour une semi-liberté sont liées à la durée de la détention à purger, elle doit être inférieure ou égale à deux ans, et la personne doit avoir un projet de travail», ajoute-t-elle.
Le jeune homme soupçonné avait déjà commis une agression sexuelle en 2009, pour laquelle il a alors effectué dix-huit mois de prison ferme. Sorti en juillet 2012, il est de nouveau écroué en août et purge une peine cumulée de dix-neuf mois pour vol, conduite sans permis, refus d'obtempérer et recel - pour laquelle il était incarcéré actuellement. Sa mise à l'épreuve de dix-huit mois liée à l'agression sexuelle de 2009 devait être appliquée une fois qu'il serait sorti de prison définitivement. La semi-liberté lui permettait, dans le cadre de son suivi par une association, de travailler la journée et de rentrer à la Santé le soir ou parfois chez sa mère le week-end.
«Cette malheureuse affaire donne raison à ceux qui pensent que Mme Taubira est dangereuse», s'exclame le maire (UMP) de La Garenne, Philippe Juvin. Quand ce dernier souligne «la folie de celle qui veut désengorger les prisons», Philippe Sarre, maire (PS) de Colombes, rappelle qu'«il n'est pas question de remettre des criminels en liberté dans ce que propose la garde des Sceaux, mais juste de trouver des moyens alternatifs pour ceux qui ne sont pas à leur place en prison». «Peut-être fallait-il doubler la condamnation de cet individu par des soins, vu la nature barbare des agressions, mais il a tout de même été condamné, on ne peut pas parler de laxisme», renchérit Philippe Sarre, qui pointe son agacement face à la déferlante de polémique droite-gauche à chaque fait divers. «Aucun parti n'a le monopole de la lutte contre la délinquance», gronde-t-il.
Sofiane M. devrait être déféré mercredi matin à la suite de ses quarante-huit heures de garde à vue. Quant à la première victime de 32 ans, «frappée au visage à de très nombreuses reprises», témoignait sa mère après l'agression, elle se trouve toujours à l'hôpital Beaujon à Clichy, où elle est «entre la vie et la mort», détaillait mardi le syndicat de police Synergie-officiers. «Elle pourrait avoir de graves séquelles neurologiques.»
Le Figaro - 14/08/13