J’en suis encore tout chamboulé.
Avant-hier, alors que je moulinais sur mon vélo d’appartement histoire de fatiguer mes mollets tout en regardant une rediffusion de “C dans l’air” consacrée à la manifestation du week-end dernier, j’ai appris une nouvelle si extraordinaire que j’ai failli basculer la tête la première au-dessus de mon guéridon.
En toute fin d’émission, le rédacteur en chef du Figaro Magazine, afin de démontrer la diversité des personnes soutenant la démarche des participants à la Manif pour tous, a cru bon d’asséner comme preuve ultime de son assertion, qu’Hervé Mariton était d’origine juive.
J’ai d’abord cru à une mauvaise blague.
Quoi, Mariton, ce héraut de la Manif pour tous, ce pourfendeur du mariage gay, ce prétendant à la présidence de l’UMP, ce binoclard à la tête d’instituteur de province, ce fieffé politique à la langue acérée, ce défenseur de la famille en danger, cet étendard du conservatisme à la française sentant bon la naphtaline, ce député de la Drôme, cet ancien vice-président de la commission pour la trufficulture, était juif ?
Encore tout chancelant, le cœur palpitant d’une angoisse indescriptible, l’esprit aux abois, j’ai filé tout droit me renseigner sur Wikipédia.
J’ai bien cru m’évanouir de surprise.
Car non seulement il s’avérait bel et bien que le sbire du Figaro Magazine n’avait pas énoncé une bêtise, ce qui déjà constituait une surprise en soi, à savoir que le Mariton, juif, il l’était bel et bien, qu’il ne s’en cachait d’ailleurs nullement, mais que de surcroît sa mère était une Pied-noir répondant au doux nom de Yolaine Benkemoune.
Martinon était un fils Benkemoune.
J’avoue n’en être toujours pas revenu.
Passe encore qu’il fut, suite à un drôle concours de circonstances - mariage arrangé, alliance entre familles antagonistes, adoption contrariée – un travesti d’ashkénaze, un juif putatif née d’une mère versée dans l’art de cuire la carpe farcie, mais un séfarade pur jus, un fils Benkemoune, un Hervé Benkemoune en puissance, voilà qui m’apparaissait tout aussi incongru que si je venais d’apprendre la nomination de Dieudonné à la tête du CRIF.
Ou que Jean-Marie Le Pen s’adonnasse tout les soirs à une séance de danse du ventre sur des chansons d’Oum Kalsoum, en hululant toutes les cinq minutes des youyous à même de fendre son service à couscous.
En farfouillant peu à peu dans son arbre généalogique, plus à une surprise près désormais, bien décidé à tirer au clair toute cette sombre affaire, je finis par découvrir que son grand-père se prénommait Chalom Benkemoune et sa grand-mère Lucienne Ackrich.
Mes papillotes se détricotèrent d’elles même.
Hervé Chalom Benkemoune dit Hervé Mariton.
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Laurent Sagalovitsch
TRIBUNE JUIVE