Aumônier du syndicat Solidarité de Lech Walesa et vicaire à la paroisse Saint-Stanislas de Varsovie, le père Popieluszko fut enlevé et assassiné en octobre 1984, à l'âge de 37 ans, par un commando de la police politique (SB) du régime.
Jerzy Popieluszko est né en 1947 à Okopy, un petit village du nord-est de la Pologne, dans une famille modeste de paysans.
Très pieux dès son plus jeune âge, il est enfant de choeur dans son village avant d'entrer au séminaire à Varsovie, à 18 ans.
Il est affecté à la paroisse Saint-Stanislas peu avant les grandes grèves de l'éte 1980 qui ont donné naissance à Solidarité, premier syndicat indépendant du bloc soviétique. Il devient alors aumônier des aciéries de Varsovie qui jouxtent le quartier d'habitation de Zoliborz, où se trouve son église.
Dévoué aux idéaux de ce syndicat anticommuniste, le père Popieluszko aide ses militants, persécutés et réduits à la clandestinité après l'instauration de la loi martiale par le général Wojciech Jaruzelski en décembre 1981.
Il célèbre ensuite dans son église des "messes pour la patrie", qui attirent régulièrement des milliers de fidèles, venus de toute la Pologne, au grand dam du pouvoir communiste.
Dans ses homélies, le père Popieluszko n'hésite pas à dénoncer ouvertement la répression policière, la censure et les persécutions d'opposants au régime. Ses messes, quadrillées par un important dispositif de policiers en uniforme et en civil, débouchent parfois sur des échauffourées.
Son mot d'ordre chrétien "vaincre le mal par le bien", qu'il répète souvent pendant ses offices religieux, a un retentissement à l'échelle nationale.
Las des avertissements adressés à l'Eglise, le pouvoir communiste décide de réduire lui-même le père Popieluszko au silence.
Le 19 octobre 1984, au retour d'une visite pastorale à Bydgoszcz (nord-ouest), la voiture de l'ecclésiastique est arrêtée par un véhicule banalisé de la police.
Le père Popieluszko est battu, ligoté et jeté dans le coffre de la voiture de police. Son chauffeur, Waldemar Chrostowski, est menotté et obligé de prendre place à l'intérieur, avec les trois policiers.
Ancien parachutiste, Chrostowski profite d'un moment de distraction de ses ravisseurs et saute de la voiture en marche. Ses menottes se brisent sous le choc.
Paniqués, les policiers décident de poursuivre la route avec Popieluszko dans le coffre. Ils arrivent au bord de la Vistule à Wloclawek, à 120 km de Varsovie. Ils sortent l'écclésiastique à moitié étouffé par son bâillon et le jettent dans l'eau.
Pendant ce temps, Chrostowski arrive au presbytère d'une église et donne l'alerte. Le soir-même, la télévision officielle fait état de l'enlèvement du père Popieluszko par des "inconnus".
Mais il n'est plus possible de taire la vérité et le régime sacrifie les auteurs directs de l'assassinat. Le capitaine Grzegorz Piotrowski, chef du commando, est condamné à 25 ans de prison et ses deux lieutenants à 15 ans, au terme d'un procès retentissant.
Ils sont désormais en liberté tous les trois, tandis que les commanditaires du crime n'ont jamais été officiellement identifiés.
La tombe du père Popieluszko, aménagée dans l'enceinte de l'église Saint-Stanislas, est devenue un lieu de pèlerinage et son histoire a inspiré plusieurs cinéastes.
Le procès en béatification du père Jerzy Popieluszko a été ouvert en 1997 par le pape polonais Jean Paul II.
Le Matin ch - 19.12.09