Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad était en passe d'être réélu à l'issue du scrutin présidentiel de vendredi en Iran, selon les résultats sur près de la moitié des suffrages diffusés au terme d'une journée de mobilisation "sans précédent".
D'après un proche du pouvoir, le score final de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad devrait être "d'un peu plus de 50%". Pour être élu dès le premier tour, tout candidat devait obtenir au moins 50% plus une voix. Dans le cas contraire, un second tour était prévu vendredi prochain.
"Selon les informations dont nous disposons, la participation est de 70% et Mahmoud Ahmadinejad obtiendra un peu plus de 50%", a dit à l'AFP Agha Mohammadi, ancien porte-parole du conseil suprême de la sécurité nationale et toujours proche du pouvoir.
Le résultat officiel doit être annoncé samedi matin par le ministère de l'Intérieur.
Dans la nuit, sur 47,3% des urnes ouvertes, soit l'équivalent de 15.251.781 bulletins dépouillés, M. Ahmadinejad obtenait 67,07%, d'après le président de la commission électorale au ministère de l'Intérieur, Kamran Daneshjoo.
Son principal rival, le candidat Mir Hossein Moussavi, qui avait revendiqué le premier la victoire, disposait lui de 30,34%.
Les deux autres candidats, le réformateur Mehdi Karoubi et le conservateur Mohsen Rezaï, obtenaient moins de 2% chacun.
Après l'annonce de la fermeture des bureaux de vote, en soirée, M. Moussavi a revendiqué la victoire, un de ses proches collaborateurs évoquant 65% des voix en sa faveur.
Mais, peu après, l'agence officielle Irna a annoncé une large victoire de Mahmoud Ahmadinejad.
Dans le communiqué lu à la presse, M. Moussavi a par ailleurs affirmé que ses équipes avaient "constaté dans certaines villes comme Shiraz, Ispahan et Téhéran un nombre insuffisant de bulletins de vote".
"Certains de nos QG ont été attaqués. Je poursuivrai, avec le soutien du peuple, les personnes à l'origine de ces actes illégaux", a-t-il assuré.
Avec une mobilisation "sans précédent", selon le ministère de l'Intérieur, l'heure de clôture du scrutin n'avait cessé d'être repoussée. Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur avait fini par annoncer la fermeture des bureaux à 22H00 (17H30 GMT). Mais il avait ajouté que tout électeur faisant la queue devait être en mesure de déposer son bulletin.
La campagne électorale s'est déroulée dans un climat acerbe entre candidats mais aussi dans une atmosphère festive de manifestations populaires, à un niveau jamais vu en 30 ans de République islamique.
Le président Ahmadinejad, 52 ans, avait voté tôt vendredi dans un quartier du sud-est de Téhéran. M. Moussavi, 67 ans, qui a aussi voté dans la capitale, avait vu "un bon présage" dans la forte participation.
Le président sortant a repris son slogan de défense des plus pauvres qui lui avait réussi en 2005. Il l'a même durci avec des attaques personnelles contre M. Moussavi.
Ce dernier, sorti d'une retraite politique de 20 ans, a dénoncé les "mensonges" du président sur son bilan économique et une politique populiste.
A Washington, le président américain Barack Obama, qui souhaite engager un dialogue ferme mais direct avec Téhéran, a estimé qu'un "changement" était "possible" dans les relations bilatérales, quel qu'en soit le vainqueur.
"C'est le signe très positif que les Iraniens veulent que leur voix soit entendue et leurs bulletins de vote comptés", a ajouté sa secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, des propos pouvant être interprétés comme traduisant la crainte d'un truquage.
AFP 13 juin 2009 - 00.14