Des informations convergentes ont émergé durant le week-end, mettant en cause les systèmes de mesure de la vitesse des Airbus A330 dans l'enquête sur le crash du vol Rio-Paris il y a presqu'une semaine.
Le secrétaire d'Etat français aux Transports Dominique Bussereau a cherché dimanche à freiner les spéculations concernant ces systèmes, et plus précisément les instruments appelés "sondes Pitot", qui servent à calculer la vitesse des avions.
"Pour l'instant, on ne peut vraiment privilégier aucune hypothèse", a-t-il déclaré sur la radio RTL, tout en détaillant l'enchaînement de circonstances techniques par lequel une telle défaillance des capteurs de vitesse a pu provoquer la catastrophe.
"Il s'est produit des situations sur des Airbus, et peut-être sur d'autres avions, où ces sondes givrant parce qu'on est dans une zone très humide, une zone très dépressionnaire, une zone de turbulences, n'indiquent plus la vitesse", a-t-il poursuivi.
La conséquence dans ces cas-là, "c'est qu'évidemment les pilotes en cockpit n'ont plus la bonne vitesse affichée, ce qui peut entraîner deux mauvaises conséquences pour la vie de l'avion: une sous-vitesse, qui peut entraîner un décrochage, ou une survitesse qui peut entraîner une déchirure de l'avion parce qu'il s'approche de la vitesse du son et que la membrane de l'avion n'est pas faite pour résister à de telles vitesses", a expliqué le secrétaire d'Etat.
Le ministre français réagissait aux premiers enseignements de l'enquête technique française, menée par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), sur cet accident qui a causé la mort de 228 personnes, le 1er juin au milieu de l'océan Atlantique.
Après cinq jours de vaines recherches, l'armée brésilienne a annoncé samedi avoir repêché deux corps et plusieurs objets identifiés comme provenant de l'Airbus d'Air France. Un morceau d'une aile de l'avion et de sièges ont été localisés, selon l'armée brésilienne.
La récupération des débris de l'appareil devrait aider à l'enquête qui s'appuie pour l'instant sur les 24 messages d'anomalies ou de pannes émis automatiquement par l'Airbus A 330 d'Air France. Ces messages automatiques ont été lancés dans les quelques minutes qui ont précédé la destruction de l'avion.
Dès samedi, le BEA avait indiqué avoir constaté un certain nombre de pannes de mesure de la vitesse sur des Airbus A330. Il avait ajouté que l'avionneur européen avait mis en place un programme de remplacement de ces instruments sur ces avions.
Air France a fait savoir samedi qu'il avait accéléré son programme de remplacement de sondes anémométriques (Pitot) sur ses avions A330 et A340, "sans préjuger d'un lien" avec l'accident du vol AF 447 Rio-Paris. Ce programme a été lancé le 27 avril, précisé la compagnie aérienne.
Depuis mai 2008, "des incidents de pertes d'information anémométrique en vol en croisière" sur des A340 et des A330 ont été constatés, a-t-elle révélé.
Selon l'hebdomadaire français Journal du Dimanche (JDD), de tels problèmes avaient été identifiés sur l'Airbus A330 dès 1996.
Selon le journal, un document technique daté de novembre 1996 indiquait que les paramètres mesurés par les sondes Pitot "pourraient être sévèrement dégradés même si le dégivrage de la sonde fonctionne correctement" lorsque l'avion se trouve dans "de puissants cumulo-nimbus", "particulièrement dans la zone de convergence intertropicale".
AFP. 07/06/09