Sur Le Post, Bruno Gollnisch indique n’être pas « opposé par principe » à cette alliance. Sa rivale se montre plus définitive.
Une alliance entre le FN et l’UMP est-elle possible ? Envisageable ?
La question d’une éventuelle alliance entre le parti de la droite républicaine et celui d’extrême-droite n’est pas nouvelle. Par exemple, lors des élections régionales de 1998, quatre présidents de région de droite avaient alors été élus avec le soutien du Front national, notamment l’ancien ministre Charles Millon en Rhône-Alpes.
Cette question revient aujourd’hui sur la table pour plusieurs raisons : changement de leader à la tête du FN ; dédiabolisation du parti par Marine Le Pen, jugée plus « fréquentable » que son père ; affaiblissement de l’UMP et redressement du FN constatés aux élections régionales ; faillite de la stratégie d’alliances de l’UMP…
Comme le souligne un sondage commandé par Le Point, qui consacre une enquête à Marine Le Pen dans son dernier numéro, 28 % des Français et jusqu’à 36 % des sympathisants UMP sont même favorables à l’entrée de la fille du leader du FN au gouvernement. Une éventualité impensable avec son père.
Quelles sont les positions de Marine Le Pen et de Bruno Gollnisch sur ce sujet ? Les deux candidats à la tête du FN ont-ils le même point de vue ?
Et quelle est celle de l’UMP à l’égard du FN ?
Tous deux vice-présidents du FN, Bruno Gollnisch et Marine Le Pen seront en compétition pour la présidence du parti lors d’un congrès qui aura lieu, en janvier 2011. La question des alliances sera évidemment un des sujets sur lequel ils devront se positionner.
1. Marine Le Pen : impossible !
A plusieurs reprises, la vice-présidente du FN a clairement repoussé l’éventualité d’une alliance entre son parti et l’UMP. Ce dimanche sur I>Télé, Marine Le Pen a expliqué qu’il est impossible de « s’allier avec des gens avec lesquels on est en désaccord total ».
« Nous ne pouvons pas nous allier avec l’UMP puisque l’UMP mène une politique radicalement différente de celle que nous voudrions voir menée en France », a-t-elle déclaré, précisant que le parti présidentiel n’avait pas « la même culture », ni « les mêmes valeurs » ni « les mêmes solutions » que le FN.
Mais si elle est opposée à un accord d’appareil, Marine Le Pen tend quand même la main aux membres du parti présidentiel, demandant « aux électeurs, aux cadres, et pourquoi pas aux élus de l’UMP » de rejoindre le Front national.
2. Bruno Gollnisch : pas « opposé par principe »
Contacté par Le Post, Bruno Gollnisch, qui est aussi vice-président du FN, semble plus ouvert sur la question. S’il juge également impossible une telle alliance à l’heure actuelle, il parle quand même d’entente sous conditions avec l’UMP à plus long terme.
L’eurodéputé estime qu’un rapprochement avec la majorité présidentielle « ne présente pas d’intérêt dans la configuration actuelle de l’UMP, mouvement composé de conservateurs et de libéraux, d’atlantistes et d’européistes ». Et il se montre critique envers l’UMP. « Nous ne voulons pas aller à la soupe d’un parti gouvernemental. C’est un mouvement dont les leaders tiennent un discours de ‘droite’ au moment des élections, à partir de quelques faits-divers, et qui ne pratiquent l’ouverture qu’à gauche quand ils sont au pouvoir », estime-t-il.
Mais Bruno Gollnisch ne se dit pas « opposé par principe » à une alliance entre le FN et d’autres formations, que ce soit l’UMP ou une autre, « à condition que cette autre formation se rallie à nos points de vue ». « Cela dépend de ce que l’UMP veut faire. Il faut voir s’il y a des points de convergence avec eux », indique-t-il, rappelant qu’il avait été l’artisan du rapprochement avec les candidats de droite lors des élections régionales de 1998.
Pour Bruno Gollnisch, un rapprochement entre le FN et l’UMP ne serait possible qu’à certaines conditions. Selon lui, cela serait envisageable à partir du moment où « l’UMP change substantiellement et qu’elle fait le premier pas ».
Selon lui, Nicolas Sarkozy repartira « certainement » à la chasse aux électeurs d’extrême-droite dans l’optique de 2012 « car il y a toujours des bobos pour tomber dans le panneau ».
Mais qu’en pense l’UMP ?
3. Pour l’UMP pas d’alliance possible avec le FN mais…
A l’UMP, la position officielle du parti semble claire : une alliance avec le FN n’est pas envisageable. Le secrétaire général de l’UMP Xavier Bertrand a réaffirmé dimanche sur Radio J que « ce n’est pas un changement de prénom » à la tête du FN qui « changera quoi que ce soit à ce qu’est » le parti d’extrême droite et à la stratégie de l’UMP à son égard.
« Notre position à l’égard du Front national et de l’extrême droite a toujours été constante et restera constante », a souligné Xavier Bertrand.
Mais comme le souligne un article de Slate.fr, intitulé « FN-UMP, le retour de la question de l’alliance », « alors que Nicolas Sarkozy chute dans les sondages et que ces sondages le donnent battu en 2012, certains élus [UMP, ndlr] s’interrogent tout bas sur la question d’une alliance avec le Front national ».
Alors, l’élection d’un nouveau leader à la tête du FN changera-t-elle la position du parti vis-à-vis de l’UMP ? Le parti de la majorité va-t-il infléchir sa position ?
A suivre…
NP INfo - 04/05/2010