L’exécutif élargi du Congrès juif européen s’est réuni dimanche 12 décembre à Paris .Lors de ses travaux, l’organisation présidée par Moshé Kantor, et dont Richard Prasquier est l’un des vice-présidents, s’est penchée sur les problèmes de l’heure : l’antisémitisme (avec parmi les intervenants Haïm Musicant, directeur général du CRIF), la délégitimation d’Israël, la menace iranienne et la question de la chehita.
Les représentants de 27 pays ont participé à la réunion au cours de laquelle Richard Prasquier a explicité les positions du CRIF sur ces différents dossiers.
Un dîner regroupant les leaders européens, ainsi que des représentants d’organisations juives et musulmanes a suivi, en présence de Pierre Besnainou, président du FSJU et de la Fondation du judaïsme français et Joël Mergui président du Consistoire central et de Paris.
Accueillie par Moshé Kantor et présentée par Richard Prasquier, Michèle Alliot-Marie, le ministre d’Etat, ministre des affaires étrangères et européennes a rappelé ce que l’Europe doit aux juifs et les principes de base de la politique française au Proche-Orient. Le nouvel ambassadeur d’Israël en France Yossi Gal a pris la parole pour faire part de ses espoirs et a remercié la communauté juive de France pour son « accueil chaleureux ».
On lira ci-dessous le discours de Michèle Alliot Marie :
« Le destin des Juifs d’Europe a largement contribué à l’identité européenne.
Destin des Juifs portugais d’Amsterdam qui, fuyant l’intolérance, apportèrent à l’Europe le génie de SPINOZA.
Destin des Juifs espagnols, qui offrirent au monde celui de MAÏMONIDE.
Destin des Juifs de Vienne, si bien décrit par Stefan ZWEIG dans Le Monde d’hier, destin de KAFKA, FREUD, MAHLER.
Destin des Juifs de Grèce, de Pologne, de Roumanie, de la Baltique, de ces quartiers urbains et populaires où l’on parlait pêle-mêle yiddish, russe, allemand, italien.
Destin des Juifs français tombés au champ d’honneur, pendant la Première Guerre Mondiale.
Destin, Mesdames et Messieurs, des Juifs déplacés, déportés, exterminés, victimes de l’intolérance et de la barbarie national-socialiste.
Soyez assurés que la France ne les oubliera jamais.
Mesdames et Messieurs,
La France sait ce que l’Europe doit aux hommes et aux femmes de confession juive.
La France défend un modèle de société, où chacun peut trouver sa place, quelle que soit sa confession, quelle que soit sa religion.
Une société où le libre exercice du culte est garanti par la loi,
où la laïcité exprime la neutralité de l’Etat et la tolérance,
où les discriminations religieuses n’ont pas droit de cité,
où l’antisémitisme est considéré comme une insulte aux valeurs humanistes, un fléau à combattre sans relâche.
Une société où la spiritualité, loin de diviser les hommes, les rassemble dans l’espérance en la paix.
Mesdames et Messieurs,
Il n’y a pas de paix au sein des Nations sans une envie de partager, de dialoguer, de vivre ensemble.
I. La qualité des relations entre les Etats et les communautés juives est essentielle à la cohésion de la société.
Hier ministre de l’Intérieur puis ministre de la Justice, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, j’ai toujours travaillé en confiance avec les instances représentatives de la communauté juive.
- C’est vrai du Conseil représentatif des institutions juives de France. Je me félicite, cher Richard PRASQUIER, de la qualité de nos relations, marquées par la confiance mutuelle et l’amitié.
- C’est vrai aussi des institutions religieuses, en particulier le grand rabbinat et le Consistoire de France. Leurs représentants savent l’attachement que je porte à leurs préoccupations.
Ensemble, nous avons travaillé pour
- sécuriser les synagogues, écoles et centres culturels,
- prévenir et combattre les actes antisémites, à travers un dialogue entre les parquets et les institutions représentatives,
- lutter contre les discriminations, notamment celles qui s’exercent par des appels aux boycotts de produits cashers ou d’origine israélienne.
Ma conviction est que ce dialogue doit se poursuivre, en France et en Europe, sur les sujets qui intéressent notre destin commun.
Quelle Europe voulons-nous ? Quelle doit être la place des Etats, celle des instances supranationales ?
Comment moderniser nos sociétés face aux défis de la mondialisation ? Quel modèle économique, culturel, politique voulons-nous défendre ?
Comment assurer la paix et la stabilité dans un monde globalisé où les frontières n’existent plus pour le terrorisme, les trafics, la criminalité ?
Sur tous ces sujets, et bien d’autres encore, la voix de la communauté juive doit être entendue.
Le congrès juif européen lui en donne une formidable opportunité.
Mesdames et Messieurs,
Ministre des Affaires Etrangères, j’ai l’honneur de porter la voix de la France sur la scène internationale.
C’est une voix claire, ferme, sans ambiguïté.
II. La France aspire à la paix. La France agit pour la paix.
A) C’est vrai au Moyen-Orient.
- La France est l’amie d’Israël.
Elle veut tout mettre en œuvre pour une paix juste et durable dans la région.
Nous voulons la garantie pour Israël de sa sécurité et de sa pleine intégration dans la région.
Nous voulons dans le même temps la création d’un État palestinien indépendant, viable et démocratique, établi sur la base des frontières de 1967.
Nous voulons la proclamation de Jérusalem comme capitale des deux États.
depuis le 25 juin 2006.
Rien ne saurait justifier le traitement dont il fait l’objet, au mépris des règles du droit international.- La France n’oublie pas Gilad SHALIT, ressortissant franco-israélien enlevé par le Hamas
Nous demeurons totalement engagés pour obtenir sa libération. Nos pensées sont avec lui. Soyez assurés que nous ne baisserons pas les bras
- Par ailleurs, je sais les inquiétudes que suscite le régime iranien.
La France tiendra le langage de la fermeté.
La France n’accepte pas que le régime iranien déstabilise la région.
La France n’accepte pas que l’Iran se dote de l’arme nucléaire. Si les responsables iraniens ne lèvent pas le doute sur leurs intentions, toutes les sanctions d’ordre économique devront être envisagées.
B) Au-delà du Moyen-Orient, la France s’engage en faveur de la paix et du respect des droits de l’homme.
La paix ne saurait se résumer à des contacts diplomatiques entre des Etats.
Elle suppose la compréhension mutuelle des peuples, dans leur diversité, leurs différences.
Elle exige qu’au sein de Nations déchirées par des guerres fratricides, soient promues et encouragées les forces de réconciliation.
Elle invite à encourager les initiatives, au sein des sociétés civiles, pour rapprocher les peuples, pour donner aux hommes et aux femmes la volonté de mettre un terme aux haines séculaires et l’envie de se tendre la main.
CRIF - 13/12/10