Bruno et Céline Chaintrier ne veulent pas jeter la pierre à qui que ce soit, estimant que « cette enfant aussi, sans doute, est en souffrance ». Mais à ce jour et depuis la mi-février, leur petite Amandine n’a toujours pas pu rejoindre à Bussac-Forêt, sa classe de grande section maternelle. « Et les faits remontent déjà au mois d’octobre 2012.
Il est question de crachats, de serrage de cou dans la cour de récréation, chose que les instituteurs ont vue une fois. Il est aussi question de cheveux tirés, de menaces, d’insultes, de coups qui font des bleus », précisent Céline et Bruno Chaintrier qui , au tout départ, ne comprenaient pas pourquoi leur petite ne voulait plus aller à l’école.
« Le dimanche soir, à l’idée d’y aller le lundi, elle vomissait. Elle mangeait peu. Elle ne dormait plus. Les cauchemars étaient récurrents ».
« Cette enfant souffre »
Le médecin de famille qui a reçu l’enfant avec ses parents dès octobre, atteste, dans un certificat médical d’une « enfant en souffrance ». Jusqu’à ce jour de février, un peu avant les vacances, où l’enfant a carrément refusé d’aller à l’école.
Nouvelle consultation, en urgence cette fois. Le certificat relève « un état de stress avec plaintes somatiques importantes ». Et trois jours plus tard, alors que le praticien revoit l’enfant seule et où elle finit par tout expliquer et mettre des mots sur tout, le médecin conseille aux parents de prendre rendez-vous avec les services de la Protection Maternelle et Infantile, « car cette enfant souffre de harcèlement à l’école ».
Le certificat médical évoque « un état de santé nécessitant une éviction de l’école », jusqu’au 1er avril dans un premier temps. L’éviction qui a été renouvelée depuis, jusqu’au 13 avril, puis jusqu’au 31 mai.
Les parents ont également saisi l’Unité de psychopathologie infanto-juvénile de Jonzac (UPIJ) qui a reçu la petite dès le 6 mars pour une évaluation de son état. Et toutes les semaines, l’enfant s’y est rendue. De fait, les parents n’étaient pas restés bras ballants durant tous ces mois. Ils avaient bien tenté d’essayer de résoudre la situation en prenant des rendez-vous avec la mairie. « Quelques parents d’élèves qui s’étaient émus de la situation ont vite été découragés de nous apporter leur soutien ».
« Boule de neige »
À ce jour, un seul parent issu du conseil d’école est toujours à leur côté, Jean-Henri Ery, pour lequel « ce problème n’aurait jamais dû prendre des proportions pareilles ».
Céline le précise, « en janvier avait aussi eu lieu à l’Inspection primaire de Jonzac, une entrevue avec l’inspectrice de l’Éducation nationale, la maire et les parents des deux fillettes, dans un souci de faire cesser l’animosité. Mais rien n’y a fait. Au contraire, au lieu de calmer le jeu, cette rencontre a fait boule de neige et la situation a empiré pour Amandine ».
Autre rencontre, le 30 avril, au sein de l’équipe éducative de la maternelle avec les parties prenantes: « personne ne niait le harcèlement mais certains disaient qu’Amandine devait faire front, que des situations comme çà, elle en connaîtrait d’autres », se souvient Bruno.
Une plainte depuis samedi
Aujourd’hui, c’est Céline, en invalidité, qui « fait la classe » à sa petite. « Je vais chercher à l’école les fiches, les dessins à colorier, les découpages, tout ce qui fait l’activité d’une maternelle. Et la maîtresse vient voir Amandine au moins une fois par semaine ».
Elle a bien songé à scolariser sa fille ailleurs, « mais Bruno travaille et moi je ne conduis pas. C’est difficile. Et pourquoi Amandine aurait-elle à quitter l’école? ».
La solution à cette bien triste histoire viendra peut-être de la plainte déposée samedi, auprès de la gendarmerie de Montlieu-la-Garde, par Céline et Bruno pour « harcèlement moral, agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail pouvant porter atteinte aux droits, à la dignité, à la santé ou à l’avenir professionnel d’autrui ».
Le dossier a d’ores et déjà été transféré au Parquet de Saintes. « Et nous savons que le procureur et la préfecture se sont déjà mis en rapport avec l’Inspection primaire de l’arrondissement de Jonzac ».
Sud Ouest- 07/05/13
NdB: On donne le prénom de la petite file harcelée, Amandine, mais pas celui de la méchante "harceleuse"...