La presse américaine, qu'elle soit libérale ou conservatrice, reste incrédule face au soutien apporté en Europe à Roman Polanski après son arrestation en Suisse pour une affaire de moeurs, et espère que le cinéaste sera extradé aux Etats-Unis pour répondre de ses actes.
"Mais quelle injustice y a-t-il à présenter devant la justice quelqu'un qui a plaidé coupable dans une affaire de viol avant de s'enfuir, indépendamment du talent qu'il pourrait avoir ?", demande le quotidien.
Le cinéaste franco-polonais s'était enfui des Etats-Unis en 1978, après avoir été condamné pour "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans en 1977. Il n'a jamais remis les pieds aux Etats-Unis depuis.
En Europe, une pétition pour demander la libération de Roman Polanski a déjà réuni plus de cent signataires du Septième Art, parmi lesquels les plus grands noms du cinéma européen, et même quelques cinéastes américains -- Woody Allen, Martin Scorsese ou David Lynch.
Si le monde du cinéma, à quelques exceptions près, fait bloc derrière Roman Polanski, le monde politique se montre plus divisé, notamment en France, où le soutien officiel du gouvernement n'a pas suscité l'adhésion des partis, partagés entre hostilité et embarras.
Aux Etats-unis, le monde politique est resté silencieux sur le sujet, à commencer par le département d'Etat, qui doit transmettre à la Suisse la demande d'extradition de Roman Polanski, et qui se refuse à tout commentaire.
Sur la côte ouest, le Los Angeles Times, connu pour ses positions libérales, n'est pas tendre non plus avec le cinéaste et ses soutiens. L'un de ses éditorialistes, Steve Lopez, affirme sans ambages: "Les défenseurs de Polanski ont perdu de vue la vraie victime".
"J'aimerais leur demander, si la victime était leur fille, s'ils seraient toujours aussi arrogants" à propos d'une affaire dans laquelle le cinéaste était poursuivi à l'origine "pour sodomie et viol", écrit-il.
"Il a pu y avoir des irrégularités judiciaires", reconnaît l'éditorialiste, évoquant le profil contesté du juge en charge de l'affaire à l'époque.
"Mais aucune irrégularité n'est plus grande que celle de n'avoir retenu contre Polanski (à l'époque) que l'accusation la moins grave", estime-t-il. "Il a été favorisé. Et il est incroyable, vraiment, que ses stupides défenseurs réclament qu'il le soit une nouvelle fois".
A l'autre bout du spectre politique, le tabloïd New York Daily News estime que "le tollé" provoqué par les soutiens de Roman Polanski est "pervers".
"Et leurs tentatives d'excuser Polanski -- sa mère est morte en déportation! Sa femme a été assassinée par la famille Manson! La fille (de 13 ans) n'était pas vierge! -- sont à vous retourner l'estomac", ajoute l'éditorial.
Pour le quotidien, il n'y pas d'autre solution pour Polanski que de "passer en jugement et affronter le poids de la justice".
AFP.02.10.09