L’affaire d’abus de confiance présumé révélée vendredi dernier ne touche plus seulement Julien Dray, mais aussi des entrepreneurs, des particuliers et des proches de l’ancien porte-parole de Ségolène Royal.
Contacté hier, le député socialiste soupçonné d’avoir bénéficié de quelque 200 000 € d’entreprises et de deux associations (les Parrains de SOS Racisme et la Fidl) dont il fut le cofondateur se refuse à faire « tout commentaire sur un dossier judiciaire », mais « s’expliquera le moment venu sur chaque point devant la justice ».
Dans son rapport, Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy, note que Julien Dray a encaissé des chèques de « particuliers actifs dans la sphère socio-économique, qui semblent sans contrepartie » pour un montant global de 113 890 € . Parmi les signataires de ces chèques, deux chefs d’entreprises apparaissent comme les plus généreux donateurs.
Nathalie Fortis, chargée des relations presse de Julien Dray, et Thomas Persuy, directeur administratif et financier de SOS Racisme, injoignables hier, auraient encaissé 127 377 € entre janvier 2006 et septembre 2008 de la part de cette association ainsi que de la Fidl dont ils sont mandataires. Dans les jours qui ont suivi, ils ont versé 102 985 € sur les comptes de Julien Dray.
Aujourd’hui, de nouveaux noms apparaissent.
Toujours selon Tracfin, Dominique Bouissou, ex-assistante parlementaire de Julien Dray, aujourd’hui attachée de presse de Ségolène Royal, aurait bénéficié lors de cette période de 6 500 € de la part des Parrains de SOS Racisme. Celle-ci, contactée hier, réserve « ses commentaires pour la justice ».
De son côté, un membre de la belle-famille de Julien Dray aurait été destinataire d’un chèque de 5 000 € de SOS Racisme, selon les gendarmes de Bercy. « Plusieurs personnes dans l’entourage de Julien Dray avaient procuration sur les comptes des associations. Il faudra déterminer si elles ont profité directement de cet argent », indique une source proche du dossier.
Un ancien président de l’UNEF-ID
Dans son analyse, Tracfin s’attarde sur un chèque de 12 500 € émis par les Parrains de SOS Racisme à Marc Rozenblat, proche de Julien Dray. D’après Tracfin, l’ancien président du syndicat étudiant Unef-ID a également versé 6 000 € à Nathalie Fortis. Contacté hier, Marc Rozenblat justifie ces mouvements financiers. « Tout est clair, explique-t-il. J’ai prêté, par chèque, une somme d’argent à SOS Racisme qui me l’a remboursée en deux ou trois fois. Quant aux 6 000 €, cela n’a rien à voir. Il s’agit d’une somme que j’ai prêtée à Nathalie, meilleure amie de ma femme. »
La plupart des acteurs de ce dossier devraient être entendus par la justice dans les semaines à venir.