La veuve du juge français Bernard BORREL, elle-même magistrate de profession, a lancé mercredi I3 juin un appel au président Nicolas Sarközy pour qu'il fasse respecter l'indépendance de la justice dans l'enquête sur son mari, retrouvé mort en 1995 à Djibouti, à demi-calciné au pied d'une falaise. Mme Borrel n'hésite pas, avec ses avocats, à mettre en cause l'ex-président Jacques Chirac: la révélation récente de documents suggère en effet d'étranges pressions politiques au plus haut niveau de l'Etat.
Djibouti avait conclu à un suicide, mais l'enquête privilégie désormais la thèse de l'assassinat. Mme Borrel demande que "soient connus et punis les assassins de son mari". Ses avocats fustigent avec elle "des pressions politiques incontestables" de l'Etat français, et dénoncent l'intervention directe (selon eux) de Jacques Chirac : "C'est Chirac qui a suggéré au président djiboutien Ismaël Omar GUELLEH d'attaquer la France devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour obtenir le dossier dans lequel plusieurs personnalités djiboutiennes, dont GUELLEH, sont mises en cause", a affirmé Me Olivier Morice.
"C'est ce qu'il y a de pire dans ce dossier, a déclaré Mme Borrel. L'honneur de la France est retombé bien bas".
En effet, plusieurs documents, saisis par des juges aux ministères des Affaires étrangères et de la Justice, suggèrent que l'Etat français a tout fait pour répondre aux exigences de Djibouti dans cette affaire et sauvegarder ainsi ses intérêts dans ce pays de la Corne d'Afrique qui abrite la plus importante base militaire française à l'étranger.
"Ces faits peuvent juridiquement relever de la trahison", a ajouté Me De Caunes.
Le 12 janvier 2006, Djibouti avait saisi la CIJ contre la France "pour manquement à ses devoirs d'entraide judiciaire"...
(Source: ACTUALITES ORANGE)
Photo: Le juge Bernard Borrel à Djibouti