PARIS (Reuters) - Dominique Strauss-Kahn est rentré dimanche à Paris, un retour très médiatisé mais pour l'instant silencieux qui ouvre un nouveau chapitre du feuilleton judiciaire et politique lancé par son arrestation le 14 mai.
Arrivé peu après 7h00 à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle en provenance de New York, l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et son épouse, Anne Sinclair, ont rejoint leur appartement de la place des Vosges, dans le centre de Paris, où les attendaient plusieurs dizaines de journalistes.
Mais l'ex-favori des sondages pour la présidentielle de 2012 ne s'exprimera pas publiquement dans les prochaines heures, a déclaré sa conseillère en communication et amie Anne Hommel.
"C'est impossible à faire dans ces conditions donc vous pouvez largement vaquer à vos occupations ! Travailler comme ça, c'est trop compliqué", a-t-elle dit aux journalistes.
Comme à Washington et à New York ces derniers jours et comme à Roissy à son arrivée, reporters, cameramen et photographes étaient en effet très nombreux à suivre chacune des étapes du retour de l'ex-favori des sondages pour la présidentielle française de l'an prochain.
Une effervescence commentée par les habitants du quartier.
"Je suis heureux pour lui, qu'il puisse vivre en homme libre", a déclaré à Reuters Jonathan Boulet, qui se présente comme l'un des anciens militants de ce dernier.
Un passant brandissait toutefois devant les caméras deux feuilles de papier sur lesquelles il avait inscrit: "DSK gros dégueulasse, vieux dégueulasse".
INCONNUES
L'ex-maire de Sarcelles retrouve la France pour la première fois depuis son arrestation il y a trois mois et demi pour agression sexuelle présumée à l'encontre d'une femme de chambre d'un hôtel new-yorkais, après l'abandon des poursuites pénales par un tribunal de New York le 23 août dernier.
Son retour, attendu non sans un certain embarras par certains responsables socialistes, a été salué par ses amis.
"Le choc des événements de ces dernières semaines l'a amené à se mettre de côté par rapport à la vie politique mais je ne vois pas comment notre pays pourrait se passer de telles compétences", a dit sur LCI Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris et proche de "DSK".
Mais la candidate à la primaire socialiste en vue de la présidentielle de 2012, Ségolène Royal, tout en reconnaissant ses "compétences", s'est montrée plus prudente.
"Il faut laisser du temps au temps, comme le disait François Mitterrand", a-t-elle dit sur BFM TV en ajoutant : "C'est à lui-même de définir ce qu'il souhaite faire."
Son concurrent François Hollande a abondé dans le même sens, insistant aussi sur la compétence "reconnue" de l'ancien directeur général du FMI et annonçant, sans plus de précision, qu'il comptait utiliser "tous les talents" s'il était élu.
Si l'hypothèse d'une intervention médiatique de Dominique Strauss-Kahn dès ce dimanche est écartée, il pourrait accorder un entretien à un journal télévisé dans les prochains jours, selon plusieurs médias.
Cette intervention pourrait lui permettre de livrer sa version des événements des derniers mois et du dossier judiciaire. Mais pas forcément de tenter d'emblée de reprendre place sur l'échiquier politique.
RÉTICENCES
Car Dominique Strauss-Kahn n'en a toutefois pas totalement fini avec la justice. Américaine d'abord, car il reste visé par une procédure au civil engagée par son accusatrice, Nafissatou Diallo. Française ensuite, puisqu'une enquête est ouverte sur un abus sexuel présumé, allégué par Tristane Banon, une romancière qui dit avoir été agressée en 2003.
La mère de cette dernière, Anne Mansouret, élue PS au conseil général de l'Eure a d'ailleurs critiqué dimanche les conditions de son retour.
"Tant que M. Strauss-Kahn n'aura pas été jugé, il ne sera pas blanchi. Donc, comme beaucoup de Français, comme beaucoup de socialistes, je trouve que ce retour et la façon dont il est présenté est à proprement parler indécent", a-t-elle ajouté sur BFM TV.
A droite, les premières réactions visent aussi la médiatisation de ce retour, qui occulte en partie le "Campus", l'université d'été de l'UMP réunie à Marseille ce week-end.
"Il est évident que ce soir, dans les premiers titres de l'actualité, on verra probablement plutôt toute la journée de DSK que les débats que nous aurons ici" a ainsi déclaré Benoist Apparu, le secrétaire général au Logement, en marge de la réunion UMP.
"La vie politique est comme ça, l'actualité est comme ça. On ne va pas non plus s'arracher les yeux pour ça."
Pauline Mével, Chine Labbé et Marc Angrand, avec Emmanuel Jarry à Marseille, édité par Yves Clarisse
Source Yahoo Actualités - 04/09/11