Pas facile de manger à la cantine de Bouvignies quand on est musulman et qu'on ne mange pas de porc.
C'est ce que découvre un couple qui s'est installé l'été dernier dans la commune avec leur petite-fille de 5 ans. Dans cette famille, on a fait le choix de ne pas manger de porc, par conviction personnelle (le père est d'origine algérienne). Aucun repas de substitution n'étant prévu par la cantine de l'école municipale, la maman a donc préparé elle-même ceux de sa fille lorsqu'il y avait du porc au menu, tout en continuant à payer le ticket de cantine. Aucun problème, jusqu'à ce qu'un jour, début janvier, on lui demande si elle a l'accord de la mairie pour cela. Un peu plus tard le même jour, les services municipaux lui expliquent que le micro-ondes est en panne et qu'elle ne peut plus amener sa nourriture comme elle le faisait. « Je n'ai pas compris. Je n'embêtais personne, j'emmenais mon plat sans rien dire. » regrette cette maman, originaire de Bouvignies, qui ne cherche qu'à comprendre. « J'ai essayé de prendre contact avec le maire, mes appels sont restés sans réponse, jusqu'à ce qu'on me dise que le maire ne voulait pas.
Je ne comprends pas. Et puis c'est injuste, ma fille a 5 ans, elle fait du sport à l'école, il faut bien qu'elle
mange !
Blocages
Le père de la petite fille, à cours de solution, a exposé la situation au député Jean-Jacques Candelier juste avant les vacances de février.
Une heure plus tard, on leur apprend que le maire est d'accord pour que seule la viande soit amenée à la cantine mais que le ticket-repas doit toujours être payé.
Le maire de Bouvignies, Jacques Delrue, a reçu un courrier de Jean-Jacques Candelier, daté du 15 février, lui rappelant les faits et lui expliquant qu'une demande au traiteur responsable des repas suffisait à résoudre le problème. Le traiteur en question, Api-Restauration, affirme qu'aucune démarche n'est venue de la mairie. Leurs services nous ont confirmé que des repas sans viande ou sans porc sont déjà prévus, pour d'autres écoles du secteur.
Jacques Delrue, après avoir proposé une explication sanitaire à ce refus, estime que cette affaire ne devrait pas tourner à la polémique, la demande n'étant pas motivée par une allergie : « Si le problème était allergique, il n'y aurait pas de soucis. Mais on ne peut pas répondre aux desiderata de chacun, sinon on n'en finit pas. Je ne vois pas pourquoi je rencontrerais les parents, ça ne changera rien ».
Le père de la petite a également alerté Jeanne-Marie Goethals, membre de la DDEN, fédération des délégués départementaux de l'Éducation nationale. Selon elle, il faut se tourner vers la loi : « si un texte existe, c'est probablement le seul moyen de faire évoluer la situation ».
Les parents, qui ont sollicité la Haute Autorité de lutte contre la discrimination et pour l'égalité (HALDE) et attendent une réponse, pensent déjà inscrire leur fille à l'école de la commune voisine, Marchiennes, si aucune solution n'est trouvée.
La Voix du Nord - 24.02.10