Une comparution sans condition. C'est en substance le message qu'a fait passer l'Iran. Téhéran a en effet averti mercredi la France qu'il n'accepterait aucune condition à la comparution devant la justice iranienne de la Française Clotilde Reiss, arrêtée le 1er juillet en Iran et aujourd'hui confinée à l'ambassade de France.
Le Figaro rapportait, début novembre, que la France avait fait savoir à l'Iran que Clotilde Reiss se rendrait aux convocations du tribunal de Téhéran si elle recevait l'assurance écrite que la chercheuse ne serait pas emprisonnée.
«Conditionner la présence de la ressortissante française devant le tribunal à une garantie des autorités iraniennes (comme quoi elle ne sera pas emprisonnée) est une claire violation des engagements officiels et écrits du gouvernement français selon lesquels elle est à la disposition de la justice» iranienne, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmandoust à l'agence Fars.
Le procès va reprendre à une date non déterminée
«Cela n'est en aucune manière acceptable», a-t-il ajouté. «Clotilde Reiss ne sera pas graciée sous la pression politique et personne n'a le droit de décider pour le juge», a-t-il encore dit. Selon lui, l'insistance avec laquelle les autorités françaises «présentent des demandes injustifiables» et «la remise en cause de l'autorité judiciaire iranienne peuvent créer des conditions défavorables pouvant affecter la confiance des autorités judiciaires iraniennes quant à la sincérité des responsables français à propos des engagements pris par l'ambassade de France à Téhéran».
Clotilde Reiss, 24 ans, a été arrêtée le 1er juillet pour avoir participé à des manifestations après la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin. Elle a été libérée sous caution mi-août à condition de rester à l'ambassade de France, dans l'attente de son jugement.
L'agence Irna avait indiqué début août que la Française était accusée d'avoir «rassemblé des informations et encouragé les émeutiers». Le procureur général de Téhéran a indiqué lundi que son procès allait reprendre à une date non déterminée.
Cette affaire a contribué à tendre les relations déjà mauvaises entre Paris et Téhéran, en raison de positions françaises intransigeantes sur le dossier nucléaire. La France a vivement condamné mercredi la «répression» d'une manifestation de l'opposition à Téhéran. Fin septembre, le président français Nicolas Sarkozy avait une nouvelle fois réclamé la libération de Clotilde Reiss, une jeune femme «innocente».
Le Parisien - 11 novembre 2009