AFP 20.02. 08. Huit personnes, dont au moins une a été mise en examen, ont été déférées mercredi au tribunal de Pontoise pour tentative d'homicide sur un commissaire de police, l'incendie de son véhicule et de bâtiments publics, dans le cadre des violences entre jeunes et forces de l'ordre survenues fin novembre à Villiers-le-Bel (Val-d'Oise).
C'est la mort de deux adolescents lors de la collision de leur mini moto avec un véhicule de police qui avait déclenché cette flambée de violence.
L'enquête, qui a conduit à une vaste opération de police, très médiatisée et très controversée, lundi à l'aube dans la commune où plus de trente personnes ont été interpellées - 14 ont été relâchées depuis -, a notamment pu aboutir grâce à plusieurs témoignages anonymes contre rétribution, un recours peu courant en France, hors affaires terroristes.
Début décembre, la police avait distribué dans la commune des tracts appelant d'éventuels témoins de "coups de feu tirés contre des policiers" à témoigner anonymement et contre une rémunération à hauteur de "plusieurs milliers d'euros".
Selon des sources proches de l'enquête, au moins trois témoignages anonymes ont permis aux enquêteurs de cibler dans un premier temps deux frères, domiciliés à Villiers. Ils ont été surveillés, mais, selon ces mêmes sources, ces deux suspects, qui feraient partie des objectifs de l'opération de lundi matin, ont été très discrets.
Parmi les personnes déférées au tribunal de Pontoise se trouve le frère d'un des deux adolescents morts, Lakamy, 16 ans, selon la procureure de Pontoise, Marie-Thérèse de Givry.
Mme de Givry a indiqué qu'elle avait requis la mise sous contrôle judiciaire de celui-ci pour qu'il ne soit pas placé sous mandat de dépôt. Elle avait répété à plusieurs reprises depuis lundi que le fait qu'il soit le "frère d'un défunt" serait pris en compte et que sa situation serait étudiée "avec humanité".
Le frère de Lakamy est suspecté d'avoir participé à la destruction par incendie du véhicule du commissaire de police, Jean-Claude Illy, qui avait été roué de coups quelques instants après la mort des deux adolescents.
Il avait été interpellé lundi à la mi-journée, après l'opération de police menée à Villiers-Le-Bel, dans des conditions houleuses, selon la procureure. "Une machette a été brandie et il y a eu une certaine agitation", avait-elle expliqué lundi.
Concernant l'opération de police et sa médiatisation, la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a saisi l'Inspection générale de la police nationale (police des polices) à la suite de la publication dans l'hebdomadaire Paris-Match de photos prises à l'intérieur d'un appartement perquisitionné par les forces de l'ordre.
L'hebdomadaire publie une série de photos montrant l'intervention de la police jusque dans un appartement, l'interpellation d'un homme en slip et la perquisition de son logement, avec un matelas retourné par un policier.
Mme de Givry a jugé, devant quelques journalistes, que ces photos portaient "gravement atteinte à la dignité humaine".