Les autorités brésiliennes ont identifié mardi le corps du commandant de bord du vol AF 447, Marc Dubois, ainsi que celui d'un steward. L'information a été confirmée jeudi par la direction d'Air France.
Ces deux nouvelles identifications portent ainsi le nombre de victimes identifiées de 11 à 13 sur les 50 corps repêchés dans l'Atlantique sud. La confirmation de cette information par Air France et non par le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), en charge de l'enquête, confirme un certain malaise avec les autorités brésiliennes. Celles-ci n'ont en effet pas accueilli au sein de leurs équipes le médecin français envoyé par le BEA qui est revenu sans informations.
Le BEA a en revanche annoncé qu'il rendrait officiel mardi prochain son premier rapport sur la catastrophe. D'ici là, l'enquête pourrait s'accélérer si les boîtes noires de l'avion étaient localisées et retrouvées. Selon plusieurs sources contactées jeudi, les forces françaises ont bien capté un signal, «elles tournent autour depuis quelques jours pour le localiser», explique une source militaire. «La question est dorénavant plutôt de savoir si l'émetteur est toujours solidaire de la boîte noire vu les conditions de l'accident», explique un proche du dossier.
Masses nuageuses difficilement identifiables
Dans l'état actuel des investigations, aucune piste n'est officiellement écartée, ni privilégiée. «Un tel accident est souvent le résultat d'un faisceau de causes et non d'une cause isolée», rappelle un expert. Un phénomène météo pourrait ainsi expliquer une partie du drame. Le témoignage du pilote du vol Sao Paulo-Paris passé vingt minutes après le vol 447 dans le Pot au noir, et révélé dans Le Figaro, semble indiquer la présence de masses nuageuses particulièrement actives et difficilement identifiables au radar.
La piste de la panne des sondes Pitot mesurant la vitesse de l'avion n'a pas non plus été écartée. Air France et Airbus expliquent depuis dix jours que «rien ne permet aujourd'hui de lier la catastrophe à une défaillance de ces sondes». Pourtant, d'après une note interne d'Air France datant de l'été 2008 et révélée par le site Eurocokpit, la compagnie française avait il y a un an déjà enregistré 6 cas de pannes de sonde. Celles-ci avaient alors produit les mêmes alertes (les fameux messages Acars) que celles enregistrées peu avant la disparition du vol AF 447.
La note rappelle qu'Airbus était au courant. «Une étude menée par Airbus a mis en évidence que la majorité des “Nav IAS Discrepancy” était associée à l'accumulation d'eau dans les pitots Thales», peut-on y lire.
Cette note aurait même été réimprimée le 1er juin au matin à l'attention des mécaniciens qui auraient à intervenir à l'atterrissage du vol AF 447.
Les deux groupes sont très discrets pour l'instant sur le sujet car les résultats de l'enquête pourraient engager la responsabilité du constructeur ou au contraire celle d'Air France.
Reste enfin la piste de l'erreur humaine. Un rapport de la compagnie publié en juin 2006 avait déjà mis l'accent sur l'occurrence des erreurs humaines dans les accidents en vol. En l'absence des boîtes noires, la seule façon d'étayer cette piste serait que l'équipage du vol AF 447 ait eu une conversation avec un autre vol au-dessus de l'Atlantique. Les pilotes des vols Sao Paulo-Paris et Buenos Aires-Paris ont indiqué au Figaro qu'ils n'avaient eu aucun contact. Mais ni le BEA, ni Air France n'ont annoncé officiellement qu'aucun contact n'avait été établi avant le drame. «Tout le monde s'interroge sur le sujet, explique un responsable syndical, mais nous n'avons eu aucune information ni démenti.»
Le Figaro - 25 juin 2009