Marine Le Pen dépasse régulièrement 20% dans les sondages ; le Front National a aussi obtenu près de 20% dans les cantons où il était présent. Cette réussite est généralement attribuée à la stratégie moderniste et républicaine de Marine Le Pen. Mais ce succès ne va pas sans susciter des inquiétudes et des hostilités. Inquiétude de la superclasse mondiale (SCM) face à un projet qui fait la part belle à un protectionnisme raisonnable, à la souveraineté des lois françaises, à la préférence nationale et à l’exercice du pouvoir référendaire par le peuple. Or c’est la superclasse mondiale qui contrôle les médias. Par ailleurs, alors que, comme beaucoup de leurs compatriotes, de nombreux français juifs sont tentés par le vote FN, le CRIF – le Conseil représentatif des institutions juives - a lui adopté une position franchement hostile au Front National ; ainsi qu’à Marine Le Pen à qui il refuse que soit donné « un certificat de Cacherout » (sic).
Or le CRIF est un groupe de pression puissant : le seul en tout cas en France qui soit capable de rassembler pour son dîner annuel la quasi totalité du gouvernement, les chefs de la police et de la justice ainsi que les grands dirigeants économiques et médiatiques. Il nous paraît intéressant de livrer au débat le point de vue du président Richard Prasquier qui entend agir pour maintenir la « diabolisation » du Front National.
Andréa Massari
Auto-interwiew de Richard Prasquier sur le site du CRIF
« Je me suis élevé contre son invitation (de Marine Le Pen) dans une radio de la communauté juive de France parce que j’ai estimé que ce n’était pas à un media de la communauté juive de donner si facilement cet équivalent d’un certificat de cacherout qu’elle était venue chercher, c’est-à-dire de montrer qu’elle était tout à fait fréquentable. Il y avait quelque chose de profondément choquant dans cette démarche. (…)
Je vais vous dire ce que je pense du Front national et de Marine Le Pen. Le président d’honneur du FN s’appelle Jean-Marie Le Pen. C’est lui qui tient les cordons de la bourse et c’est lui que Marine Le Pen vient voir après les élections. C’est ensemble qu’ils discutent de ses déclarations. Il est extrêmement présent.
Jusqu’à maintenant, Marine Le Pen n’a jamais déclaré qu’elle était en opposition avec les sorties de son père. Je vous rappelle que Le Pen, c’est trente ans d’insultes vis-à-vis de la communauté juive : « Durafour crématoire » ; le « point de détail »…
Marine Le Pen a gardé autour d’elle la même équipe que celle de son père, avec des antisémites parfaitement estampillés et extrêmement significatifs.
Pensez-vous que Marine Le Pen soit antisémite ?
Ca m’est égal. Il y a des gens qui sont antisémites et qui ne le sont pas quand ça les arrange. Elle est dans un parti qui n’a pas abandonné son antisémitisme et son mépris pour la Shoah. Quand on prétend qu’elle a dit que la Shoah était la pire des barbaries, c’est faux. Elle a dit que les camps étaient la pire des barbaries. C’est complètement différent. Il faut qu’elle en fasse plus pour que nous soyons convaincus. Elle a envie de montrer qu’elle est respectable.
Comprenez-vous que des juifs puissent voter Front national ?
Je ne les comprends pas. Il y avait cette fameuse phrase de Churchill sur la guerre et le déshonneur. Parfois je me dis : ils n’ont pas compris. Pensent-ils qu’avec le FN au pouvoir, les juifs vont pouvoir mener une vie heureuse en toute quiétude dans notre pays ?
Qu’est-ce qui les motive, selon vous ?
Il y a une phrase extrêmement simpliste sur laquelle il ne faut pas baser sa vie : les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Lorsqu’on adhère à une phrase comme celle-là, on s’apprête à accepter toutes les dérives. Pour ceux qui connaissent l’histoire, ils savent à quels périls je pense, avant et après la guerre.
Le lendemain de l’annulation de l’émission de Radio J, Marine Le Pen a fait appel à un cercle national juif. Avez-vous connaissance de ce cercle? Est-ce que ça vous inquiète ?
Il y en a déjà eu un autour de son père. Je ne peux que hausser les épaules. Cela me fait penser à cette phrase que disent tous les antisémites : J’ai des amis juifs.
Il y a un certain nombre de valeurs qui sont les valeurs vraies du judaïsme, qu’on ne peut pas piétiner pour de simples considérations élémentaires et absurdes de politique politicienne dont nous serons les premières victimes.
Avez-vous pu écouter l’interview de Marine Le Pen ?
Non. Mais j’ai écouté celui de l’ancien ambassadeur d’Israël. Ce qui rend l’entretien de Nissim Zvili accablant, c’est quand il dit : pourquoi le CRIF veut-il empêcher Marine Le Pen de s’exprimer ?
Croyez-vous que la présidente du FN ne s’exprime pas ? Elle a toute les émissions de radio et de télévision de France à sa disposition quand elle le veut. C’est normal. Nous sommes dans un pays de liberté et de démocratie. Le FN peut s’exprimer dans les médias. Le CRIF ne l’empêche pas de prendre la parole. Simplement, ce n’est pas à la communauté juive de lui servir de marchepied.
En tout cas, elle s’est exprimée sur la politique moyen-orientale, sur Jérusalem, sur l’Iran. Beaucoup de nos auditeurs ont été déçus par ses propos sur l’internationalisation de Jérusalem.
S’ils ont été déçus, c’est qu’ils ne connaissent pas l’histoire. En 2009, son père a dit que Gaza est un grand camp de concentration. Marine Le Pen n’a pas dit qu’elle était choquée par cette analogie. Elle ne s’est pas fâchée avec son père à ce propos.
Lorsque son père est devenu le parrain d’un enfant de Dieudonné, elle n’a pas dit : loin de moi ce personnage ignoble ! Et quand son père a dit qu’Ahmadinejad est quelqu’un de très respectable, qu’il ne comprend pas qu’on l’empêche d’avoir un armement nucléaire alors qu’Israël le possède, jamais Marine Le Pen n’a dit : je ne suis pas d’accord avec mon père.
Elle l’a confirmé dans cette émission…
On le savait mais Nissim Zvili ne le savait pas. J’aurais préféré qu’il ne s’exprime pas, qu’ il essaie de mieux comprendre la situation.
Marine Le Pen est sur la même ligne que son père. Je vous rappelle que son père a été un soutien de Saddam Hussein, de Muamar Kadhafi et de Mahmoud Ahmadinejad, sans parler de tous ses jeux de mots antisémites et de sa phrase sur l’occupation allemande qui n’était pas, selon lui, si inhumaine que cela.
Elle a dit qu’on ne peut pas renier son père
Je ne lui demande pas de renier son père, mais quand on le nomme président d’honneur, quand on va le voir pour prendre des décisions politiques ? C’est un peu plus que de ne pas le renier.
Le Crif en action
Richard Prasquier : « Marine Le Pen préside un parti qui n’a pas abandonné son antisémitisme. » 15/04/11
Correspondance Polémia - 16/04/2011