Tractage, militants en effervescence: le candidat FN Steeve Briois et sa colistière Marine Le Pen mènent une campagne intense pour remporter le 2e tour des municipales d'Hénin-Beaumont, lors duquel le divers gauche Daniel Duquenne espère un "réflexe républicain".
"On réagit au jour le jour", déclare Marine Le Pen dans une permanence de campagne aux airs de ruche, où les militants plient des centaines de tracts tenant compte des informations glanées dans la presse du matin.
"Si c'est pas Steeve qui passe, je vends ma maison, je m'en vais d'Hénin", souffle, derrière une pile de tracts, Béatrice Vaquette, 51 ans, 28e sur la liste FN et habitante d'Hénin depuis 14 ans, qui fulmine contre la taxe d'habitation qui "augmente tous les ans".
"On ne va pas vendre la peau de l'ours, mais on part avec de bonnes chances, contrairement à notre concurrent qui est en train de se dépatouiller avec la gauche, avec les appareils politiques", explique tranquillement Steeve Briois, fort de son score de 39,34% des voix au 1er tour, devant la liste Daniel Duquenne (20,19%).
Pour Marine Le Pen, son adversaire "a peur et se met sous la tutelle socialiste".
"Je n'appartiens à aucun parti politique", rétorque Daniel Duquenne, qui dans le calme de son local de campagne, explique avoir refusé la fusion des listes de gauche (majoritaires en voix au 1er tour, ndlr) et le "pacte républicain" proposé par le PS au soir du 1er tour.
"Pour plus de clarté, il vaut mieux que je reparte de manière autonome", estime Daniel Duquenne, qui a également refusé la venue de "stars" du PS.
La stratégie de Daniel Duquenne s'inscrit dans sa volonté de se démarquer de l'héritage de l'ancien maire socialiste Gérard Dalongeville, écroué et mis en examen en raison de malversations.
Il rappelle ainsi avoir dès 2001 "quitté le PS pour ne pas cautionner" l'ancien maire.
Steeve Briois, de son côté, met en en avant son ancrage "d'enfant du pays" et d'arpenter les marchés de la ville, dont Daniel Duquenne est, selon lui, "absent".
"On a affaire à un parti qui est aguerri, sur le terrain, en ordre de marche", estime à propos du Front national Bruno Lajara, figure culturelle d'Hénin-Beaumont, qui milite quotidiennement contre une victoire du parti d'extrême-droite.
M. Lajara, qui a appelé à manifester contre le FN vendredi, déplore que ce parti ait "pris la place, dans le porte-à-porte, des partis traditionnels de gauche".
Les partisans du FN sont en effet plus visibles dans les rues d'Hénin-Beaumont que ceux de Daniel Duquenne.
Même s'il clame que sa liste est indépendante, ce dernier fait valoir qu'il est "soutenu par tous les partis politiques". Les principales formations ont en effet appelé à constituer un front républicain contre Steeve Briois.
Le retour aux urnes des abstentionnistes du 1er tour (près de 40% des électeurs, ndlr) devrait jouer un rôle important, selon Bruno Lajara, pour qui l'électorat du FN était "très mobilisé" au 1er tour.
L'élection, dans cette ville de 26.000 habitants, "se jouera à moins de 500 voix", pronostique-t-il.
AFP. 03.07.09