Le président russe Vladimir Poutine a défendu lundi en Allemagne la voie du dialogue pour persuader l'Iran de renoncer à ses ambitions nucléaires, invoquant l'exemple de la Corée du nord.
M. Poutine devait quitter l'Allemagne lundi pour Téhéran, première visite d'un maître du Kremlin depuis Staline. Il a décidé de maintenir sa visite en dépit d'informations sur des menaces d'attentat dans la capitale iranienne. "Si j'écoutais ce que disent les services de sécurité, je ne sortirais jamais de chez moi", a-t-il tranché.
Le président russe a annoncé qu'il soulèverait à Téhéran la question du
programme nucléaire controversé de ce pays mais il s'est prononcé contre des sanctions contre l'Iran.
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Faire peur aux dirigeants iraniens ou au peuple iranien, c'est sans perspective. Ils n'ont pas peur. Croyez-moi, on peut et on doit faire montre de patience, chercher une issue", a déclaré M. Poutine lors d'une conférence de presse après des consultations avec la chancelière allemande Angela Merkel à Wiesbaden.
"On voit des évolutions positives dans la péninsule coréenne. Nous avons fait montre là-bas de patience et avons cherché graduellement des solutions. Il semble que nous soyons en train de les trouver. Nous estimons qu'il faut faire de même en ce qui concerne le
programme nucléaire iranien".
A l'issue d'un accord obtenu fin septembre à Pékin après des années de négociations, le gouvernement nord-coréen s'est engagé à démanteler d'ici au 31 décembre son principal site nucléaire à Yongbyon, et à fournir une liste complète de son programme atomique.
La Russie et la Chine s'opposent au conseil de sécurité des Nations Unies à de nouvelles sanctions contre le régime iranien pour son refus de révéler l'étendue de son
programme nucléaire. L'Occident soupçonne Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique.
Mme Merkel a émis l'espoir que M. Poutine demanderait à Téhéran aux dirigeants iraniens de manifester une attitude de "transparence" sur leur
programme nucléaire, et dans cette optique, "de respecter les résolutions de la communauté internationale".
"Il est évident à nos yeux que si l'Iran, la direction iranienne, ne le font pas, une nouvelle série de sanctions devra être imposée", a-t-elle cependant ajouté.
Les deux dirigeants ont indiqué avoir abordé lors de ces neuvièmes consultations germano-russes les sujets brûlants du
Kosovo et des relations américano-russes. Moscou soutient, face aux Occidentaux, la Serbie qui s'oppose à l'indépendance de sa province du Kosovo, à majorité albanaise.
La Russie s'oppose avec une véhémence croissante au projet américain de bouclier anti-missile dans lequel elle voit une menace.
Dans les relations avec l'Otan comme avec l'Union européenne, M. Poutine a insisté sur "un partenariat d'égal à égal, fondé sur le respect mutuel. Peut-être que le développement de la Fédération de Russie ne plaît pas à certains. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter du fait que la Russie se remette sur pied, de sa puissance économique et militaire. Personne ne peut l'arrêter. Il faut l'utiliser pour coopérer et en tirer le meilleur parti."
Il a encore insisté sur la transition démocratique en Russie à l'occasion des élections législatives et présidentielles: "non seulement le texte de la loi, mais aussi son esprit, seront respectés en Russie", a-t-il dit.
La chancelière comme M. Poutine ont insisté sur le développement spectaculaire de leurs échanges économiques et la croissance des investissements croisés.
Mme Merkel a relevé "la phase de croissance à couper le souffle" dans les échanges commerciaux entre les deux pays, qui ont enregistré, selon elle, une hausse de 35% l'an dernier.