Alors que les "jeunes" sont l'objet d'égards et de respect dans les collèges, il n'en va de même pour les Français âgés ou dépendants soumis à des brimades intolérables dans certaines maisons de retraite où la maltraitance est devenue quotidienne...
Un patient qu’on menace d’attacher s’il continue à mal se comporter, une femme assise nue, seule dans un couloir, des violences verbales, le tutoiement généralisé…
Quarante-cinq minutes de caméra cachée ont permis de dénoncer les dysfonctionnements en vigueur dans la maison de retraite de Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux. Une journaliste de l’agence Capa s’est fait passer pour une aide-soignante en stage et a filmé pendant quinze jours le quotidien de la maison de retraite publique.
Ce documentaire édifiant, diffusé mercredi soir sur France 2 dans le cadre de l’émission « les Infiltrés », n’a pas laissé indifférente la secrétaire d’Etat à la Solidarité, Valérie Létard, présente sur le plateau pour le débat animé par David Pujadas à la suite du film. Elle avait promis de réagir.
Hier après-midi, elle est venue se rendre compte sur place de la situation. Entre-temps, se reconnaissant dans le reportage, les responsables de la maison de retraite avaient contacté la Ddass (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales). Vétuste, l’établissement de la rue du Maréchal-Joffre qui abrite 91 pensionnaires se partage en trois bâtiments. D’ici quatre mois, il doit fermer et les patients seront transférés à l’hôpital de Jouarre où sera regroupée toute l’activité gériatrique. Mais pour l’instant, il y a urgence. « Cet établissement est plutôt bien doté financièrement, a expliqué la ministre à l’issue de sa visite. Il souffre essentiellement d’un problème de recrutement, de formation du personnel et d’organisation. J’ai saisi le procureur de la République pour qu’une enquête soit diligentée, car le reportage nous a montré des images et des situations inacceptables.
Parallèlement, une enquête administrative sera menée. Nous allons également mettre sur pied une cellule de recrutement avec le préfet. Car nous devons accompagner la recomposition de cet établissement. » Pourtant, avec 70 salariés pour 91 patients, on ne peut pas dire qu’il y ait vraiment sous-effectif, même si l’on estime que, sur l’ensemble de la structure hospitalière intercommunale auquel il appartient, 16 postes d’infirmières et 16 autres d’aides-soignantes ne sont pas pourvus. Patricia Gitton, représentante du personnel, a tenu à réagir. « Nous sommes très choqués, a-t-elle déclaré. Nous nous sentons violés dans notre vie professionnelle. Nous ne sommes pas des maltraitants, mais des soignants.
Un problème de recrutement... mais quels rebuts de la société recrute-on pour soigner nos vieux dans leurs dernières années?
La situation est quasiment identique dans les maisons de retraite payantes. Et les tarifs sont élevés. Les Français âgés sont une manne pour certains exploiteurs de la vieillesse.