Les craintes d'une contagion de la crise financière à l'économie "réelle" se sont avivées lundi, avec un sombre pronostic de 20 millions de chômeurs de plus dans le monde d'ici fin 2009, alors qu'un calme tendu était revenu sur le front des Bourses.
"Ce n'est pas seulement une crise de Wall Street, c'est aussi une crise de toute la rue", a résumé M. Somavia. Il a appelé à "une action rapide et coordonnée des gouvernements pour prévenir une crise sociale qui pourrait s'avérer sévère, longue et globale".
Mais pour l'heure, les dirigeants européens ont exclu un grand plan coordonné de relance économique, à l'instar de celui adopté pour le secteur bancaire.
De l'autre côté de l'Atlantique, le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a plaidé en faveur d'un nouveau plan de relance avant d'évoquer "un certain risque d'un ralentissement prolongé".
"Si la crise financière est proche de son pic, les difficultés sur le front de l'économie réelle sont au contraire de plus en plus frappantes", estimaient à Paris les analystes de BNP Paribas.
Les marchés étaient suspendus lundi aux moindres indicateurs économiques, en attendant une salve de résultats d'entreprises aux Etats-Unis et en Europe, permettant de mesurer l'impact de la crise financière.
En Europe, les principales Bourses évoluaient dans le vert: Londres gagnait 2%, Paris 1,7% et Francfort 0,3% à 13H40 GMT. Les places asiatiques avaient montré la voie: Tokyo a terminé en hausse de 3,59%, Hong Kong de 5,3% et Shanghai de 2,25%.
Dans le sillage des marchés européens, la Bourse de New York a ouvert en hausse, le Dow Jones gagnant 0,96% et le Nasdaq 1,50%.
Les marchés ont visiblement apprécié l'accord entre Européens et Américains sur une série de sommets internationaux visant à réformer le système financier, dont le premier pourrait avoir lieu dès novembre à New York, juste après l'élection présidentielle américaine.
Mais les mauvaises nouvelles sur le front social et macroéconomique s'accumulent.
Selon le BIT, le nombre de "travailleurs pauvres" qui vivent avec moins de un dollar par jour pourrait croître de 40 millions tandis que celui des personnes gagnant moins de deux dollars pourrait augmenter de 100 millions entre 2007 et 2009.
L'Allemagne se trouve au seuil de la récession. L'économie allemande "devrait avoir stagné au troisième trimestre", après avoir reculé de 0,5% au deuxième trimestre, selon la Bundesbank. Deux mois consécutifs de baisses du PIB équivalent à une récession technique.
En France, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a averti qu'elle pourrait "éventuellement" être amenée à réviser en baisse la prévision de croissance pour 2009, toujours fixée à 1% dans le projet de budget.
Le secteur bancaire restait sous pression, après l'annonce d'un renflouement du capital d'ING par l'Etat néerlandais et d'une perte de 600 millions d'euros par la banque mutualiste française Caisse d'Epargne, qui a contraint sa direction à la démission.
A la Bourse de Paris, le titre de la banque Société Générale a été fortement chahuté, perdant 9,27% vers 13H30 GMT, victime de rumeurs de marchés sur une éventuelle augmentation de capital.
Côté pétrole, les cours continuaient à remonter lundi au-dessus de 70 dollars le baril, mais restaient toujours très en-dessous des sommets de 147 dollars atteints en juillet.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) devrait se prononcer pour une baisse de sa production vendredi lors d'une réunion extraordinaire, afin de soutenir les cours.
L'Union européenne veut une réforme profonde des règles actuelles et propose une supervision mondiale des marchés par le Fonds monétaire international (FMI).
"Fermement attaché à la liberté des marchés", le président George W. Bush a lui jugé "essentiel" de préserver "les fondements du capitalisme démocratique". AFP.20.10.08