« Les temps sont rudes alors parfois, c’est vrai, je pique des trucs à manger dans les supermarchés », reconnaît Emmanuel, un père trentenaire habitant le sud de la France. Installé dans un petit village de l’Hérault, ce professeur de musique en fin de droits a effectué en juillet une demande pour toucher le RSA (revenu de solidarité active).
Mais pour l’instant la Caisse d’allocations familiales bloque encore les 450 € par mois auxquels il peut prétendre. Alors, alternant depuis des années les périodes fastes et les mois de galère, ce père divorcé va se servir une fois par mois chez Carrefour et Intermarché, pour améliorer le quotidien de son fils.
« Cela a commencé quand un jour je suis passé à la caisse sans payer des articles que j’avais mis dans un sac à part. Je n’avais pas l’intention de voler mais personne ne m’a rien demandé », se souvient Emmanuel. Quand on a un gamin, c’est plus fort que soi. On a parfois envie d’acheter de bons produits pour ne pas lui donner des pâtes tous les jours. »
Un peu gêné, cet homme explique qu’il fait ses courses avec un sac isotherme suspendu au chariot. « J’y mets du fromage à la coupe, de la viande, du beurre, des yaourts, des glaces, etc. Quand j’arrive vers la sortie, je cherche une caissière qui a l’air débordée. Je pose les articles sur le tapis et je fais mine d’avoir oublié l’existence de mon sac isotherme. Cela marche à tous les coups. Au pire, je peux toujours prétexter une étourderie. » Montant de ces larcins ? « Entre 30 et 70 € à chaque fois que je fais les courses », calcule Emmanuel. Et la mauvaise conscience dans tout ça ? « Je sais que ce n’est pas bien, mais je me dis que les supermarchés n’en mourront pas…, explique maladroitement ce père divorcé. En plus, je ne prends que de la nourriture et jamais dans les commerces de proximité. »
Le parisien - 10 novembre 2009