Avec seulement 35% des suffrages à l’issu du second tour, le parti gouvernemental, la célèbre Union des maquereaux et des pourris, accuse vingt points de retard sur la gauche : une sanction plus grave encore que celle qui avait frappé le parti du président en 2004 où son déficit de suffrages n’était que de 13%. Même si elle n’est pas certaine, la défaite de Sarkozy se profile donc à l’horizon 2012, et son rejet actuel est tel qu’un sondage du 22 mars dernier indique qu’une forte majorité de Français (58 %) ne souhaite pas qu’il soit candidat à la prochaine élection présidentielle.
Jean-Marie Le Pen, qui a autant fait campagne contre l’UMP que contre le PS, a eu raison d’affirmer, le soir des élections, que ce résultat marque « l’effondrement du sarkozysme. Le coup est très dur, d’autant plus que tous les ministres engagés sont battus. »
Cela étant, l’opposition de gauche ne triomphe qu’en apparence, par défaut pourrions-nous écrire. On ne contestera pas son résultat impressionnant, tant en nombre de voix qu’en pourcentage, mais on constatera que pour nombre d’électeurs elle n’est nullement apparue comme le recours face au sarkozysme. Bien au contraire… et pour beaucoup de citoyens hostiles à l’UMP et à notre président, l’alternative n’a pas été - parce qu’ils rejetaient les pourris de droite - de voter pour les pourris de gauche mais de se réfugier dans l’abstention. Cette autre manière de protester par les urnes a ainsi connu une hausse significative de près de 20% par rapport à ce qui est habituel dans ce type d’élection.
Certains ont ainsi pu parler d’une « véritable insurrection abstentionniste »... Cette abstention est particulièrement forte dans les zones où les industries ont été délocalisées, où le chômage et la misère sont le pain quotidien. Ce sont ces mêmes zones géographiques qui ont données ses meilleurs scores au Front national. Le quotidien Le Monde a cité l’exemple de la Moselle-Est où le FN est maintenant la deuxième force politique et où l’abstention dans certaines communes a frôlé les 80 % (79,84 % exactement à Farébersviller). De même, en PACA, c’est dans le Vaucluse, département à forte pauvreté durement frappé par la crise, que le Front réalise son meilleur score avec 26,54 %.
Il y a là une concordance et une possible convergence. La concordance c’est celle du refus des pourris de droite et de gauche, du refus de l’Union des maquereaux et des pourris et du Parti des salauds. La convergence possible c’est celle des abstentionnistes qui n’ont plus confiance en personne et d’un Front national rénové. C’est celle qu’évoquait lors des européennes l’affiche nationale-jauressienne : « Celui qui n’a plus rien, la nation est son seul bien ». Cette convergence, si elle se réalisait, serait révolutionnaire et nous ne pouvons que la souhaiter et y travailler.
Cela me ramène à un leitmotiv dont je suis coutumier, à savoir citer les termes d’une tribune libre qu’Alain de Benoist confia à voxnr.com peu de temps après les dernières législatives : « Le Front [doit] comprendre que la culture de ses électeurs n’est pas forcément la même que celle de ses militants (1). L’avenir du FN dépendra de sa capacité à comprendre que son “ électorat naturel ” n’est pas le peuple de droite, mais le peuple d’en-bas. L’alternative n’est pas pour lui de s’enfermer dans le bunker des “ purs et durs ” ou, au contraire, de chercher à se “ banaliser ” ou à se “ dédiaboliser ”. L’alternative à laquelle il se trouve confronté aujourd’hui de manière aiguë est toujours la même : vouloir encore incarner la “ droite de la droite ” ou se radicaliser dans la défense des couches populaires. »
D’où le combat auquel je convie ceux qui me lisent et qui me font confiance : à l’intérieur ou à l’extérieur du FN contribuer à ce qu’il devienne, selon les termes d’Alain de Benoist, « une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus. » Qu’il devienne en clair le véritable « parti du peuple de France ».