Evacuation à Rome de Casilino 900, le plus grand camp rom d'Europe, en janvier 2010
De nombreux Tsiganes étrangers expulsés de France tentent de s'installer de l'autre côté des Alpes. Le pays compte entre 120.000 et 140.000 Gitans sur son territoire.
La Mairie de Rome a entrepris lundi de démanteler quelque 209 campements illégaux de nomades qui ont proliféré ces derniers mois tout autour de la capitale.
«À raison de cinq interventions par semaine, nous espérons en venir à bout en dix mois et demi», indiquait-on lundi au siège de la commune en précisant que l'opération policière s'accompagnerait de solutions de relogement ou d'offres aux personnes concernées de rapatriement dans leur pays d'origine.
Ces démantèlements, décidés depuis le début de l'été, ont été accélérés après la mort d'un enfant de 3 ans, brûlé vif fin août dans l'incendie accidentel d'une roulotte au sud-ouest de Rome.
Quelque 2500 personnes vivent dans ces campements disséminés sur des terrains vagues, sous des ponts et des viaducs ou encore dans des entrepôts ferroviaires et des cabanons industriels abandonnés.
De nombreux immigrés provenant d'Afrique et d'Europe de l'Est vivent aux côtés des nomades dans ces bidonvilles. Ceux qui ne sont pas en règle feront l'objet d'une procédure d'expulsion.
Déjà le 1er septembre, les pelleteuses de la Mairie avaient rasé un campement situé dans une zone archéologique proche de la gare ferroviaire Termini.
En marge de la réunion européenne sur l'immigration où l'Italie a été représentée par son ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, le maire de Rome, Gianni Alemanno, se trouvait lundi à Paris pour discuter avec Éric Besson.
Stratégie européenne
L'Italie, qui compte entre 120.000 et 140.000 Gitans sur son territoire, moitié de nationalité italienne et moitié provenant d'Europe centrale, de l'ex-Yougoslavie et de Roumanie essentiellement, craint d'être envahie par les Roms chassés de France par les récentes mesures du gouvernement.
À Ponte Galleria, l'un des quartiers difficiles de la capitale, les policiers ont récupéré des denrées alimentaires étiquetées en français dans un campement. Ils ont aussi relevé que des familles circulant dans des voitures et caravanes immatriculées en France sont arrivées dans la Ville éternelle.
Au poste frontière de Vintimille, la police signale également un flux croissant de passages en provenance de France. À San Remo, en Ligurie, les forces de sécurité sont intervenues fin août pour déloger un rassemblement important de nomades qui cherchaient à s'établir sur une zone industrielle.
Avec Éric Besson, Gianni Alemanno devait discuter d'une stratégie européenne. Le maire de Rome préconise une approche souple fondée sur la concertation et la réinsertion. Ce qui ne l'empêche pas d'user de la manière forte quand le besoin se fait sentir. «Je crois que notre plan de règlement de la question nomade peut servir de modèle à l'Europe», affirme-t-il.
Le Figaro - 07/09/10