Scandant en musique «des actes, pas des mots», les jeunes militants, dont une petite dizaine de garçons, ont organisé un défilé circulaire en brandissant des pancartes «Ni voile ni burqa», «service public = avortement et contraception» ou «raser mes jambes oui, raser les murs non».
Un peu plus tard, les militants ont symboliquement recouvert la statue d'une burqa noire géante, afin de protester ce qu'ils estiment être un retard pris dans le vote d'une loi interdisant la burqa dans les lieux publics.
«Nous avons souhaité dénoncer l'intolérable, nous demandons à ce que la question de la loi sur la Burqa ne soit pas enterrée», a déclaré à l'AFP Sihem Habchi, présidente de «Ni putes ni soumises».
«Cette burqa de couleur noire, haute de neuf mètres a été retirée» une heure après, «par les forces de l'ordre», a-t-elle précisé.
«Nous avons voulu interpeller tous les mouvements féministes pour leur dire que sans laïcité, il n'y a pas de féminisme», a souligné la même source.
Dans un premier temps, un longue étoffe rouge symbolisant un bonnet phrygien avait pendu de la flamme de la statue. «Le bonnet phrygien, c'est le symbole des esclaves affranchis», a rappelé Sihem Habchi, qui sera reçue lundi à l'Elysée, tout comme 4 autres responsables d'associations du collectif national pour les droits des femmes.
«Pour cette génération, le point d'appui, c'est la laïcité, l'égalité, la mixité, pour bâtir un féminisme basé sur le vivre ensemble partout dans le monde et pas seulement en France», a souligné Sihem Habchi.
«On se bat pour un féminisme populaire, un féminisme d'urgence, car l'IVG est attaqué, notre corps est attaqué dans l'espace public par les obscurantistes», a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, l'association a invité les quelques 6.000 fans qu'elle compte sur le réseau FaceBook à y déposer leur photo avec le bonnet sur la tête, une trentaine d'entre eux s'étant déjà exécutés samedi midi.
«Avec tout ce qui se passe actuellement, comme la burqa, c'est essentiel de défendre les lois de la femme car rien n'est acquis. Burqa et liberté c'est antinomique», a déclaré à l'AFP, Olivia, 22 ans, étudiante en hôtellerie.
Une quinzaine de militantes de l'Association Ni Putes ni Soumises avaient défilé vêtues de burqas noires devant le siège du parti socialiste à la fin janvier pour réclamer son soutien à une disposition législative contre le voile intégral, alors que le parti de Martine Aubry est opposé à une «loi de circonstance».
L'association féministe Ni Putes Ni Soumises (NPNS), née dans les quartiers de banlieue, avait été créée en 2003 dans la mouvance du vaste débat national qui avait pris corps en France avant le vote en mars 2004 de la loi interdisant le port de signes religieux ostensibles à l'école, dite loi sur le voile à l'école.