Le gouvernement grec n'avait guère le choix. Sous l'œil inquisiteur de Bruxelles et sous la pression des marchés, Athènes a présenté mercredi matin une série de nouvelles mesures représentant 4,8 milliards d'euros d'économie, soir 2% du PIB. Berlin «salue» les nouvelles mesures d'austérité et se dit «convaincue qu'elles envoient un signal clair de confiance», a déclaré mercredi un porte-parole de la chancelière Angela Merkel. Christine Lagarde, ministre française de l'Economie, a salué pour sa part ces mesures «solides et tangibles».
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, et la Commission européenne se sont aussi félicités du nouveau train de mesures. «Cette annonce confirme l'engagement du gouvernement grec à prendre toutes les mesures nécessaires pour atteindre les objectifs de son programme» d'économies, et «en particulier à s'assurer que l'objectif d'une réduction du déficit de 4% du PIB en 2010 sera atteint», a déclaré le président de la Commission José Manuel Barroso.
Hausse de la TVA
Il s'agit pour moitié de hausses de taxes d'une part et de baisse des dépenses de l'autre. Côté recettes, sont concernés le tabac et l'alcool (+20%), ainsi que la TVA qui passera de 19% à 21%. De quoi renflouer les caisses de l'Etat à hauteur de 2,4 milliards d'euros de recettes supplémentaires.
La baisse des dépenses publiques passera par une réduction de 60% du quatorzième mois des fonctionnaires et de 30% du treizième. Les retraites du secteur public seront gelées (1,7 milliard d'euros d'économies).
Mardi soir, le premier ministre Georges Papandreou avait prévenu que la situation «catastrophique» des finances publiques justifiait des «mesures sévères», seules à même d'éviter une «banqueroute». Le gouvernement s'est engagé début 2009 à réduire le déficit public de 12,7% du PIB en 2009, à 8,7% en 2010. Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, en visite à Athènes lundi, avait demandé au gouvernement de prendre des mesures supplémentaires afin de remplir ces objectifs.
Le gouvernement grec avait annoncé en janvier un plan d'économies de 10 milliards d'euros. La moitié, soit 5 milliards, devait être réalisée grâce à la croissance économique. Trop risqué et pas réaliste, selon les experts mandatés par Bruxelles, qui ont donc réclamé pour 5 milliards d'euros supplémentaires d'économies. Ce qu'ils ont obtenu finalement ce mercredi.
Fort de cette nouvelle preuve de bonne volonté, Georges Papandreou commencera vendredi une tournée internationale par une visite à Berlin. Il recontrera ensuite Nicolas Sarkozy à Paris dimanche avant de s'envoler pour Washington, où il devrait s'entretenir avec Barack Obama. Son voyage aux Etats-Unis pourrait être aussi l'occasion pour la Grèce de se rapprocher du FMI.
Le FMI comme solution
Le premier ministre grec envisage en effet de se tourner vers le Fonds monétaire international (FMI) si l'Union européenne ne lui apporte pas son aide, rapporte l'agence Reuters citant un responsable gouvernemental. «Le premier ministre a fait savoir lors du conseil des ministres qu'il existait une option pour la Grèce consistant à se tourner vers le FMI si l'UE ne lui apportait pas son soutien», a ainsi déclaré le responsable qui a assisté au conseil des ministres.
En réponse, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a assuré mercredi en conférence de presse que «nous devons faire preuve de solidarité au sein de l'Union européenne» en faveur de pays en difficulté comme la Grèce, «personne n'est opposé à cela». Mais il s'est refusé à préciser les moyens qui pourraient être mis en oeuvre.
Le Figaro - 04.03.10